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La ministre du Travail assure que le contrôle des chômeurs sera "humain"

Muriel Pénicaud a présenté sa réforme.

Muriel Pénicaud a présenté sa réforme. - Ludovic Marin -AFP

Le gouvernement a dévoilé son arsenal de sanctions. La ministre du Travail promet que ce contrôle ne sera pas "bureaucratique". Une promesse qui ne convainc pas le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.

Le contrôle des chômeurs effectué par Pôle emploi, dont la ministre du Travail Muriel Pénicaud a annoncé lundi la réforme, ne sera pas "bureaucratique" mais "humain" car il tiendra compte "de la situation" de chaque personne. Interrogée au micro d'Europe 1, la ministre est revenue sur la notion d'"offre raisonnable d'emploi", que le gouvernement propose de ne plus définir strictement, comme elle l'était dans le code du travail, mais de déterminer individuellement en concertation entre le demandeur d'emploi et son conseiller.

Aujourd'hui, "on a une règle qui est générale. Résultat: elle est quasiment inapplicable", insiste la ministre. "Si une femme est seule avec trois enfants, qu'elle doit poser son enfant à la crèche le matin, on ne peut pas lui dire, vous auriez dû accepter un emploi qui était incompatible", souligne, à titre d'exemple, Muriel Pénicaud. Ce que le gouvernement souhaite instaurer n'est "pas du contrôle bureaucratique" mais un contrôle "humain".

La ministre du Travail assure que Pôle Emploi tiendra "compte de la situation de la personne, des bassins d'emploi" tout en insistant sur le fait qu'il est "normal" d'effectuer des contrôles pour "tout système" mettant en jeu de "l'argent mutualisé", afin que celui-ci soit "efficace".

Libérer du temps pour "du conseil plus personnalisé"

Muriel Pénicaud admet toutefois que seule "une toute petite minorité" de demandeurs d'emploi refuse des offres qui correspondent pourtant à "ce qu'ils ont cherché" ou "ne cherchent pas" du tout d'emploi. Les contrôles portant sur la recherche effective d'emploi devraient à l'avenir se faire au travers d'un "journal de bord" numérique, où les demandeurs d'emploi renseigneront tous les mois leurs actes de recherche. Le dispositif sera d'abord expérimenté dans deux ou trois régions.

Ainsi, les rendez-vous entre le demandeur d'emploi et son conseiller porteront moins sur "du compte-rendu" des recherches, et permettront, toujours selone la ministre, de libérer du temps pour "du conseil plus personnalisé". Le fait de refuser une offre raisonnable d'emploi ou l'insuffisance de recherche d'emploi seront désormais passibles de suspension d'allocations pendant un mois la première fois, deux mois la deuxième fois et quatre mois la troisième fois. Au deuxième et troisième manquement, l'allocation ne sera pas seulement suspendue mais définitivement amputée.

Philippe Martinez ne pense "que du mal" des annonces

Des promesses qui ne devraient pas changer le point de vue du secrétaire général de la CGT. Philippe Martinez ne pense en effet "que du mal" des annonces de la veille sur le nouvel arsenal de sanctions contre les chômeurs et appelle le gouvernement à s'occuper des "99,6% qui eux, cherchent du boulot". "Pour 0,4% (qui fraude), on essaie de stigmatiser l'ensemble de ceux qui recherchent du boulot, inscrits ou non à Pôle emploi, touchant ou non des indemnités" car "plus de 50% de ceux qui sont privés d'emploi ne touchent pas d'indemnité", a-t-il développé.

"Faire de ce chiffre une généralité, comme tente de le faire le gouvernement", c'est "évacuer le problème", a-t-il déploré, jugeant que "l'essentiel, c'est de s'occuper des 99,6% qui eux cherchent du boulot, qui eux ont besoin de formation". "C'est ça la réalité", a poursuivi Philippe Martinez, regrettant qu'"une fois de plus, on reste figé (...) sur ces fraudeurs, comme si c'était la majorité de ceux qui sont au chômage!".

Interrogé sur la notion d'"offre raisonnable" d'emploi, inscrite dans le Code du travail mais que le gouvernement veut davantage individualiser, le syndicaliste a insisté pour qu'on "respecte premièrement la qualification des privés d'emploi". "Je sais bien que c'est à la mode du côté du gouvernement de dire prenez n'importe quoi du moment que vous avez du travail quel que soit votre niveau de qualification, acceptez du boulot, quel que soit d'ailleurs le temps de travail. On peut passer d'un temps plein à un temps partiel", a-t-il soupiré.

D. L. avec AFP