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La réforme du code du travail n'emballe pas la CFDT mais satisfait le patronat

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT.

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT. - Benoit Tessier - AFP

Le premier syndicat de France dans le privé estime que le programme présenté par le gouvernement est "déséquilibré". Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, a, lui, retenu les points positifs. Pour le Medef, il y a "des pistes de travail intéressantes". Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, promet "des mobilisations" contre cette réforme.

La CFDT regrette que le programme de travail présenté par le gouvernement pour réformer le code du travail soit "déséquilibré en termes de sécurisation des parcours des salariés". Le premier syndicat de France dans le privé demande que soient abordés "dans les discussions les droits nouveaux et l'accompagnement des plus fragiles dans le cadre du compte personnel d'activité ainsi que des droits renforcés pour les personnes les plus éloignées de l'emploi".

Pour la CFDT, "les flexibilités que le texte propose d'apporter aux entreprises ne doivent pas se traduire par une fragilisation des salariés".

"Très général et peu précis"

Ce programme de travail présenté par le gouvernement "demeure à ce stade très général et peu précis sur les mesures envisagées", estime encore l'organisation syndicale qui veut y voir "une opportunité pour les partenaires sociaux de faire des propositions tout au long de la phase de concertation", soit jusqu'à début septembre.

La CFDT "sera extrêmement vigilante" sur le rôle de la branche, "qui devra être renforcé notamment sur les questions liées à la qualité de l'emploi", et sur "la place et les moyens des représentants du personnel". "Dans un monde économique en mutation, toute réforme sociale doit être équitable, équilibrée et protectrice des salariés et travailleurs", insiste la centrale.

Le rôle de la branche "réaffirmé"

Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, s'est félicité auprès de l'AFP de voir le rôle de la branche "réaffirmé" dans le programme de travail. "Je n'ai pas de surprise sur le calendrier, ni par rapport aux thèmes, puisque ça a été déjà évoqué" lors des rencontres entre les syndicats et le gouvernement la semaine dernière, a-t-il indiqué.

Le numéro un de FO a retenu "des points a priori positifs". "L'une des craintes que nous avions après la loi travail, c'est qu'il y ait une remise en cause généralisée de la branche. Ce n'est pas le cas. Mais il va falloir voir comment cela s'ajuste et c'est une autre paire de manches." "La branche est réaffirmée comme un niveau important. Il faut voir comment cela va s'articuler avec l'entreprise", a-t-il observé.

Autre point positif, selon Jean-Claude Mailly, la volonté affichée du gouvernement de développer "les procédures de conciliation aux prud'hommes". Pour autant, il reste des points "potentiellement négatifs", notamment "le plafonnement des (dommages et intérêts aux) prudhommes. Ce n'est pas encore réglé". "Pour le moment la concertation continue et c'est maintenant qu'on verra si au-delà d'une concertation, on sera entendu ou pas. On verra si après les législatives c'est une démarche sincère", a-t-il conclu.

Des "pistes de travail intéressantes" pour le Medef, des "priorités prises en compte", selon l'U2P (artisans), une "volonté de rénover notre modèle social" pour la CPME, les organisations patronales ont accueilli plutôt favorablement mardi le programme de réforme du travail engagée par le gouvernement.

Le Medef veut rester extrêmement vigilant

Dans un communiqué, le Medef a constaté que "les premières pistes de travail proposées par le gouvernement sont intéressantes mais elles doivent être précisées. Elles articulent assurance-chômage, formation professionnelle et code du travail, lien déterminant pour construire une réforme cohérente". Toutefois, la principale organisation patronale restera "extrêmement vigilante dans la phase de concertation qui va s'ouvrir pour que les mesures proposées gardent leur ambition initiale pour avoir un effet réel sur le fonctionnement du marché du travail".

L'U2P s'est félicitée de son côté que ses "priorités (...) semblent avoir été prises en compte". L'organisation des artisans salue le recours aux ordonnances pour "la réforme du droit du travail si nécessaire pour restaurer la confiance des chefs d'entreprise" et la révision du dispositif sur la prise en compte de la pénibilité "dans le sens d'une simplification pour les entreprises".

La confédération des PME s'est dite prête à "participera de manière constructive aux discussions qui se dérouleront durant l'été". La CPME veillera dans un même temps "à ce que les TPE/PME, sans minimiser le rôle des branches professionnelles, puissent bénéficier des possibilités d'adaptation qui seront ouvertes à la négociation collective par la loi".

La CGT promet des mobilisations

Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, a promis "des mobilisations" contre la réforme du code du travail, estimant sur Cnews que les salariés seraient les "grands perdants" de cette loi. "Il y aura des mobilisations parce que sans mobilisations, tout gouvernement, comme beaucoup de dirigeants de grandes entreprises, ont les oreilles beaucoup plus bouchées que quand il y a des mobilisations", a-t-il dit, sans donner de date. "Les salariés et travailleurs seront les grands perdants de cette réforme", a-t-il ajouté.

Pour lui, la future réforme repose sur "le même principe" que la loi travail: "une entreprise, une loi différente avec des dérives importantes possibles et un dumping social généralisé". "Ce n'est pas en réformant le code du travail qu'on créera de l'emploi", a-t-il insisté.

À propos de la volonté du gouvernement de fusionner des instances représentatives, Philippe Martinez s'est montré très critique. "Le gouvernement propose de professionnaliser le syndicalisme, ce qui est une aberration. Il veut des experts syndicaux en inventant des hommes et des femmes à tout faire, que ce soit dans le comité d'entreprise ou d'hygiène et sécurité". En fusionnant ces instances, "on veut faire en sorte que les syndicalistes soient coupés du monde du travail", accuse Philippe Martinez.

De son côté, Catherine Perret, membre de la direction de la CGT, s'est interrogée auprès de l'AFP sur les "raisons objectives" qui poussent "le gouvernement à abaisser les droits des salariés. Il n'y a pas d'urgence à faire cette réforme. "Ils sont très flous, comme s'ils n'osaient pas dire aux Français avant les élections législatives de dimanche, ce qu'ils préparent pour eux", a-t-elle ajouté.

D. L. avec AFP