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Finances publiques

La révolte des usagers contre les sociétés d'autoroutes

L'ancienne ministre Corinne Lepage annonce qu'une action collective a été engagée pour contester le montant des péages sur cinq portions d'autoroutes. Elle affirme au Parisien que ces tarifs sont 20% trop élevés.

Les automobilistes font part de leurs doléances. Une action collective d'usagers a ainsi été engagée contre les sociétés d'autoroutes afin de contester les tarifs élevés des péages sur cinq portions construites depuis des décennies.

C'est ce qu'annonce ce vendredi 13 février l'avocate et ex-ministre de l'Environnement Corinne Lepage dans Le Parisien. "Nous nous basons notamment sur un rapport de la Cour des comptes de juillet 2013 qui déplorait des hausses de tarifs nettement supérieures à l'inflation et évoquait un rapport de force plus favorable aux concessionnaires qu'aux pouvoirs publics", explique Corinne Lepage, qui coordonne cette action. 

"Mais ces sociétés n'en tiennent pas compte. Ces pratiques sont toujours à l'oeuvre, cela engendre une surfacturation pour l'usager. L'automobiliste se fait plumer !" "Je me suis rapprochée d'un site de juristes, Actioncivile.com, pour monter une action collective", déclare-t-elle. 

"Le but est d'exiger des sociétés d'autoroutes le juste prix du ticket de péage"."Selon nos estimations, le tarif actuel est d'au moins 20 % supérieur à ce qu'il devrait être". Invité à réagir sur sur iTélé, le ministre des Finances Michel Sapin a évoqué une "bonne idée (...) surtout dans le contexte actuel où nous avons des négociations avec les autoroutes".

"L'usager doit payer le juste prix"

Concrètement, les personnes qui empruntent les autoroutes concernées peuvent, à partir de vendredi 13 février et jusqu'en juin prochain, remplir un formulaire sur le site et demander un remboursement de 20 %.

La seule condition est d'avoir emprunté les autoroutes A 1, A 6, A 7, et l'A 9 ou A 13 lors des cinq dernières années et de pouvoir le justifier avec un ticket de péage. L'ancienne ministre souligne que ces autoroutes ont été choisi car ce sont les plus anciennes: "elles ont été construites sous le général de Gaulle dans les années 1960-1970, et leur coût de construction est amorti depuis longtemps, dit-elle, espérant rassembler plusieurs dizaines de milliers de demandes, peut-être jusqu'à 50. 000. Les initiateurs de cette action prévoit de faire une demande de médiation avec les sociétés. Mais si elle n'aboutit pas dans un délai d'un mois, des recours seront déposés auprès des tribunaux d'instance.

"L'usager doit payer le juste prix", martèle Corinne Lepage, relevant notamment que lorsque les sociétés d'autoroutes licencient massivement les employés des péages pour les remplacer par des caisses et barrières automatiques, cela ne fait pas baisser le prix du ticket pour l'usager. Cette action collective ouvre un nouveau front pour les sociétés d'autoroutes qui sont déjà engagées dans un bras de fer avec l'Etat depuis plusieurs mois.

Ces sociétés ont déposé un recours devant le Conseil d'Etat après la décision du gouvernement de suspendre la hausse des tarifs des péages. Le gouvernement a également mis en place un groupe de travail sur l'avenir des concessions d'autoroutes. Les sociétés concessionnaires - pour la plupart des filiales des géants français du BTP Eiffage et Vinci et de l'Espagnol Abertis - exploitent 9.048 kilomètres d'autoroutes françaises, sur les 11.882 existants.

J.M. avec AFP