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Lagarde évoque un consensus sur la gouvernance économique

Christine Lagarde et son homologue allemand Wolfgang Schäuble, à Bruxelles. Selon la ministre française de l'Economie, les ministres européens des Finances se sont mis d'accord vendredi sur la nécessité de règles budgétaires plus strictes, lors de la prem

Christine Lagarde et son homologue allemand Wolfgang Schäuble, à Bruxelles. Selon la ministre française de l'Economie, les ministres européens des Finances se sont mis d'accord vendredi sur la nécessité de règles budgétaires plus strictes, lors de la prem - -

BRUXELLES - Les ministres des Finances européens se sont mis d'accord vendredi sur la nécessité de règles budgétaires plus strictes lors de la...

par Emmanuel Jarry et Vincent Chauvet

BRUXELLES (Reuters) - Les ministres des Finances européens se sont efforcés de montrer vendredi à Bruxelles que l'heure était à l'apaisement, après une semaine au cours de laquelle ils ont de nouveau semblé tirer à hue et à dia.

Ils étaient réunis sous la houlette du président du Conseil européen pour réfléchir à un renforcement de la gouvernance économique et de la discipline budgétaire au sein de l'Union.

Selon Herman Van Rompuy et Christine Lagarde, ils se sont accordés sur la nécessité d'établir des règles budgétaires plus rigoureuses et de travailler sur la réduction des écarts de compétitivité entre les états membres de l'UE, afin d'arriver à "une meilleure convergence des politiques économiques".

La réponse a également été "globalement positive" à la question de savoir s'il fallait renforcer la gouvernance économique et mettre en place un mécanisme de résolution et de gestion des crises, a également dit la ministre française des Finances.

"Donc, on a quatre têtes de chapitres sur lesquelles on est d'accord en principe pour avancer", a-t-elle souligné lors d'une brève conférence de presse. "Maintenant, il va falloir, dans le détail, voir quelle forme ça prend, comment on peut activer les sanctions, comment on peut améliorer la prévention, comment on construit une gouvernance économique."

Elle a précisé que "l'ensemble des participants" s'étaient ralliés à sa proposition de se concentrer sur les mesures de court terme - des mesures pouvant être juridiquement mises en place rapidement ou objet d'un consensus général.

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, l'avait mentionné auparavant lors d'une brève conférence de presse commune avec Christine Lagarde, dans une démonstration de toute évidence délibérée d'entente cordiale.

SCHAÜBLE AMADOUÉ ?

"Nous sommes tous tombés d'accord sur une proposition de Mme Lagarde de nous concentrer sur des mesures pouvant être prises dans le cadre des traités tels qu'ils sont", a-t-il déclaré.

S'il n'a pas exclu la nécessité d'envisager à plus long terme d'amender les traités européens, Wolfgang Schaüble a paru nettement moins radical que dans ses précédentes déclarations.

L'Allemagne a semblé ces derniers jours faire le forcing pour imposer à ses partenaires une discipline de fer, afin de préserver l'euro de crises comme celle qu'il subit aujourd'hui.

Berlin a ainsi suggéré de faire adopter aux pays de la zone euro une stricte règle d'équilibre budgétaire, comme celle qui est inscrite dans la Constitution allemande, de durcir le pacte de stabilité et de mettre en place de nouvelles sanctions.

L'Allemagne a également proposé l'instauration d'une procédure de mise en faillite des Etats les plus endettés, qui reviendrait pratiquement à les faire sortir de la zone euro.

Cette dernière proposition n'a visiblement pas reçu un bon accueil : Christine Lagarde a déclaré qu'elle n'entrait pas dans les quatre têtes de chapitre sur lesquelles la "task force" s'était mise d'accord vendredi.

La chancelière allemande Angela Merkel et son ministre des Finances avaient également donné cette semaine l'impression de faire cavalier seul dans la lutte contre la spéculation, en décidant unilatéralement d'interdire les ventes dites "à nu" de titres de dette européenne sur son territoire.

Une décision dont Christine Lagarde et d'autres dirigeants européens ont déploré qu'elle ait été prise sans concertation avec les partenaires de l'Allemagne.

CONCLUSIONS DEFINITIVES EN OCTOBRE

Ces couacs ont alimenté la nervosité des bourses mondiales, notamment européennes et américaines, inquiètes des conséquences de la crise de l'euro sur la reprise économique mondiale et en proie au doute sur la capacité de l'Union européenne à régler ses problèmes financiers sans tuer sa croissance.

Une image que les ministres des Finances des Vingt-Sept avaient de toute évidence à coeur vendredi de corriger.

"J'ai senti un sentiment d'urgence et un esprit de coopération parmi les membres", a déclaré Herman Van Rompuy lors d'une conférence de presse. "Tout le monde est d'accord pour avancer ensemble à 27."

Il a notamment fait état d'un "large consensus" pour renforcer les sanctions, "financières et non financières", en cas de non respect des règles budgétaires communautaires.

La réunion de vendredi avait essentiellement pour objectif de permettre aux 27 délégations d'exposer leurs propositions.

La Commission européenne, membre à part entière de la "task force", a pour sa part formulé les siennes le 12 mai, dont celle d'un droit de regard sur les politiques budgétaires des Etats membres.

Le groupe de travail doit se réunir de nouveau en juin, pour faire un premier rapport au Conseil européen du 17. Il souhaite rendre ses conclusions définitives en octobre.

Edité par Gérard Bon