BFM Business
Finances publiques

Laurent Berger veut un "impôt exceptionnel" sur les sociétés qui ne sont pas touchées par la crise

-

- - Stéphane de Sakutin - AFP

Le responsable de la CFDT estime qu’il faut créer un impôt sur les entreprises qui exercent dans des secteurs qui n’ont pas été touchés par la crise. Il veut également orienter l’épargne vers l’investissement socialement responsable.

Laurent Berger prône un "impôt exceptionnel" sur les sociétés non impactées par la crise afin de dégager des marges de financement pour l'avenir et considère que cette situation pourrait réduire "le sentiment d'impuissance politique". "Il existe plusieurs pistes pour dégager des marges de manœuvre. Je pense, notamment, à la création d’un impôt exceptionnel sur des entreprises liées à des secteurs qui n’ont pas été impactés par la crise, voire qui ont réalisé des bénéfices", déclare le responsable de la CFDT dans un entretien publié mardi par Ouest-France sur son site internet. 

"Nous pouvons aussi orienter l’épargne beaucoup plus largement vers l'investissement socialement responsable. Ou encore soumettre le capital au barème de l’impôt sur le revenu. Il faut redistribuer les richesses", assure Laurent Berger pour qui "notre boussole ne sera pas la dette. Ou alors nous irons vers des lendemains très noirs".

"Arrêtons avec l’impôt vu comme punitif. Réhabilitons le consentement à l'impôt, pour financer des services publics. Les écarts de revenus, que nous connaissons aujourd’hui, ne sont plus acceptables. Tout le monde a compris qu’une entreprise, ce n’était pas seulement un capital et un dirigeant. Mais aussi des travailleurs et du dialogue", insiste Laurent Berger.

"Nécessité d'un Etat providence"

"Cette crise met une fin relative au sentiment d’impuissance politique", analyse le responsable syndical. "Nous nous apercevons de la nécessité d'un État providence. (...) De l’importance des services publics qui ne doivent pas être considérés comme un coût mais comme des services. Il va falloir renforcer la protection sociale".

Interrogé sur le lobbying anti-écologique prêté au patronat, Laurent Berger répond: "Ce serait une faute majeure de ne pas penser l’économie en y intégrant de vrais changements favorables à la transition écologique. Nous devons combattre ces lobbys qui cherchent à faire reculer, voire annuler, les obligations écologiques".

Si l'on veut faire de cette crise "une opportunité", "nous devons absolument sortir de nos pré-carrés, de nos vérités toutes faites. N’oublions pas que l’on crève de nos inégalités sociales. Comme on crève de puiser de façon inconsidérée sur les réserves de la planète", estime le syndicaliste. "Nous plongeons dans quelque chose que nous ne connaissons pas. Avec tous les risques que ça suppose pour la démocratie. La classe politique va être déterminante. Elle sera ou non à la hauteur", dit-il.

D. L. avec AFP