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Hervé Morin voit aussi dans le Brexit des "potentialités de développement" pour la Normandie

Si la Normandie fait partie des régions françaises potentiellement les plus affectées par le Brexit, le président de la région s'estime "préparé" et pourrait même en profiter pour capter de nouveaux flux commerciaux.

Si les parlementaires britanniques continuent de s'entre-déchirer à propos de la date effective de sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne, la France se prépare activement au divorce. À commencer par les régions les plus proches des îles britanniques. "Les deux régions qui sont les plus impactées, potentiellement, c’est les Hauts-de-France et la Normandie. Les Hauts-de-France plus encore que nous" souligne Hervé Morin, président de la région Normandie sur le plateau de Good Morning Business, ce mercredi.

"C’est pour nous l’obligation de mener des investissements importants, entre 25 et 30 millions d’euros dans nos ports, pour organiser des flux, pour organiser un nouveau contrôle aux frontières. Ça a été pour l’Etat l’embauche de nouveaux fonctionnaires douaniers, vétérinaires" poursuit l'ancien ministre.

Désordre à prévoir

Mais les entreprises doivent aussi se préparer activement. "Il y a une industrie pharmaceutique qui s’alimente pour un certain nombre de ses molécules au Royaume-Uni" rappelle Hervé Morin. Il est nécessaire pour ces entreprises "de bâtir des stocks pour être en capacité de répondre à ce qui serait une thrombose absolue si on allait vers un Brexit dur, au moins pendant quelques jours."

Selon lui, "il ne faut pas se raconter d’histoires: on a beau avoir anticipé, on a beau avoir construit des flux, il est évident qu’il faut que l’ensemble des acteurs économiques, notamment britanniques, intègrent l’ensemble des processus administratifs et douaniers qu’impose le retour aux frontières. Très clairement, cela créera du désordre dans l’automobile, dans l’aéronautique, dans la pharmacie" et de façon plus générale "dans tous les secteurs où il y avait des échanges quotidiens entre le Royaume-Uni et la France."

Des partenariats avec l'Irlande

Alors sa région est-elle vraiment prête à encaisser l'impact d'un Brexit qui pourrait intervenir au 31 octobre prochain ? "On est préparé, on s‘est beaucoup préparé" martèle Hervé Morin. "On a beaucoup investi, bâti mais très clairement ce sont tous les acteurs économiques qui doivent intégrer que tout changera dans cette circulation qui est très fluide".

Mais le tableau n'est pas si noir pour la région, qui pourrait bien profiter de l'instauration d'une frontière entre la France et le Royaume-Uni. Tout simplement parce que "l’Irlande passait, pour en partie, par le Royaume-Uni pour envoyer ses produits sur l’Europe continentale". Alors, pour la Normandie, "c’est aussi la capacité de récupérer des flux importants d’Irlande vers notamment le port de Cherbourg. Donc, pour nous, il y a aussi des potentialités de développement, liées à des nouveaux flux de circulation" conclut Hervé Morin.

Thomas LEROY