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Finances publiques

Les faux-semblants de la baisse du déficit

Le déficit a légèrement baissé en 2014, mais la dette française reste à un niveau record.

Le déficit a légèrement baissé en 2014, mais la dette française reste à un niveau record. - Joel Saget - AFP

Selon l'éditorialiste Nicolas Doze, il n'y a pas lieu de se réjouir de la légère baisse du déficit en 2014, à 4%, contre 4,1% l'année précédente.

Le déficit de la France en légère baisse, c'est beaucoup de bruit pour pas grand-chose! Le gouvernement a annoncé le 26 mars que l'Hexagone avait enregistré en 2014 un déficit public de 4%, subtilement inférieur aux 4,1% de 2013, et à la prévision de 4,4%. Mais ce taux reste loin des 3% imposés par Bruxelles. Le journal L'Opinion a livré un meilleur titre à propos de la situation actuelle: "c'est mieux que si c'était pire"!

Par rapport à la fin de l'année 2013, les comptes publiques de l'année 2014 se sont dégradés. Les prévisions de déficit avaient été de 3,6% en 2014. Au mois de septembre, il est monté à 4,4%. Et à la fin de l'année, il était de 4%. Donc, mieux que les chiffres des mois précédents. Le déficit est quasi stable depuis deux ans, autour de 4%.

Pourtant, la dépense publique a augmenté. Elle a atteint un niveau record à cause des dépenses de fonctionnement. Le point d'indice, qui est le socle de base du salaire des fonctionnaires, a bien été gelé, mais la masse salariale a pourtant augmentée: l’ancienneté est riche de compétences, il est difficile de s’en séparer. Et les fonctionnaires les plus mal payés ont, eux, vu leur traitement revalorisé. Or ils sont majoritaires dans la fonction publique.

Un "jardinier qui déboise au coupe-ongle"

La dette publique a atteint les 2.000 milliards d'euros, alors que la croissance est restée plate. Toujours 0,4% depuis trois ans. On ne peut pas à continuer imaginer qu'on va réussir à baisser la dépense publique comme un "jardinier qui déboiserait au coupe-ongle". Ce n'est pas possible. C'est tout simplement un dérapage moins important que prévu.

Pourtant, le taux de marges des entreprises stagne. On pensait que le Crédit d'impôts compétitivité emploi (CICE) allait l'améliorer, et qu’elles allaient investir avec la marge dégagée de la valeur ajoutée. Actuellement, ce taux se situe juste en dessous des 30%. Le fait est que le salaire réel a augmenté de 1,1% de plus que la productivité. Le CICE est donc venu nourrir les "traditionnelles négociations salariales". Comme un crédit à la consommation !