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Finances publiques

Le FMI soutient toujours les réformes françaises, mais…

Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) depuis 2011.

Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) depuis 2011. - Steve JAFFE / AFP

L’institution appelle à aller plus loin mais semble divisée quant aux leviers à actionner pour éviter les dérapages budgétaires.

Le Fonds monétaire international, encore dirigé par Christine Lagarde en partance pour la BCE, adresse un nouveau satisfecit envers les réformes engagées depuis deux ans par Emmanuel Macron et son gouvernement.

Comme dans sa dernière note, l’institution appelle ce dernier à « poursuivre son programme de réformes afin de s’attaquer aux défis structurels qui demeurent : une dette publique et privée élevée, un chômage structurel toujours élevé » ou encore une « croissance morose de la productivité ».

Mais encore une fois, le FMI s’inquiète des mesures prises sur le déficit public. « Les différents gouvernements s’étant succédé en France ont eu recours, pour contenir les déficits, à des hausses d’impôts, suivies par des périodes de baisses d’impôts, observe le FMI. Ce faisant, ils ont été incapables de diminuer la dépense publique, qui a augmenté de 10 points de PIB depuis les années 1980 et atteint un niveau record parmi les pays de l’OCDE », rappelle-t-il.

Fort ajustement ou action graduelle ?

Pour autant, ses experts semblent divisés sur les leviers à actionner pour éviter le dérapage. « Beaucoup » de directeurs de l’institution « jugent qu’un fort ajustement serait adéquat pour reconstituer des amortisseurs (en cas de crise) et ne pas mettre en retard l’atteinte des objectifs à moyen terme des règles budgétaires de l’UE ».

Mais d’autres estiment qu’il faut mener « une consolidation plus graduelle » que celle recommandée dans le rapport. Le niveau plancher des taux d’intérêt explique en effet cette divergence.

« S’il n’existe pas de risque immédiat, car le niveau actuellement bas des taux d’intérêt suggère qu’une dette plus élevée peut être tenable au stade actuel, le niveau élevé de la dette n’offre guère de quiétude », souligne tout de même le FMI.

Quoi qu’il en soit, le FMI est plus pessimiste sur le niveau de déficit pour 2020 que le gouvernement. L’institution table sur 2,3% alors que les dernières prévisions officielles tablent sur 2,1%. Et pour le FMI, un niveau acceptable serait de 1,7%.

Objectifs revus à la baisse

Rappelons qu’au premier trimestre, le déficit a atteint un niveau plus important que prévu à 3,6% du PIB contre 2,6% à fin décembre.

Pour l’année en cours, le gouvernement table sur un déficit de 3,1% compte tenu des mesures annoncées suite à la crise des Gilets jaunes (17 milliards d’euros).

Un retour ponctuel du déficit public au-dessus de la barre des 3% n'est « pas problématique » mais il faudra « que le chemin de la décrue des déficits et du recul de la dette reprenne son cours » après 2019, a prévenu le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici.

Pour 2020-2022, les prévisions ont été légèrement revues à la baisse avec -2,1%, -1,7% et -1,3% pour ces trois années, des seuils toujours inférieurs aux sacro-saints 3% de déficit maximum imposé par la Commission européenne. Reste que le gouvernement tablait encore sur un déficit ramené à 0,3% du PIB en 2022 à l'automne dernier, au moment du début des travaux sur la loi de finances 2019.

Cette « légère actualisation tient compte des annonces de sortie du grand débat », explique Bercy. Et il s’agit toujours de limiter ce dérapage à travers « des économies en réduisant les niches anti-écologiques » ou encore « celles concentrées sur les très grandes entreprises » afin « de préserver les grands équilibres du programme de stabilité ».

Rappelons que la Cour des comptes se montre dubitative quant à la capacité du gouvernement à compenser les mesures annoncées par le président de la République fin avril. « La France est loin d'avoir résorbé ses déficits structurels alors que de nombreux voisins européens ont pratiquement atteint l'équilibre », a prévenu l'institution financière, jugeant « préoccupante » la « divergence accrue » entre la France et ses partenaires.

Olivier CHICHEPORTICHE