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Economie et Social

Le FN s'inspire-t-il du programme économique de Mitterrand en 1981?

Le Front national veut notamment sortir de l'euro lors de son accession au pouvoir.

Le Front national veut notamment sortir de l'euro lors de son accession au pouvoir. - Pierre Andrieu - AFP

Dans un rapport au vitriol, un think thank proche de la droite modérée démonte point par point le programme économique frontiste. Allant même jusqu’à le comparer au programme commune qui avait permis à la gauche de prendre le pouvoir en 1981.

Perte accrue de compétitivité, choc fiscal, effondrement monétaire similaire à l’Argentine…Une sorte d’apocalypse économique, imaginée par la Fondation Concorde en cas d’arrivée au pouvoir du Front national. Les auteurs de cette étude tentent même une comparaison avec…la gauche de 1981. Pas vraiment un compliment pour ce think thank d’inspiration libérale, proche de la droite modérée.

A la lecture du document de 32 pages, intitulé "Le projet économique ou comment accélérer l’effondrement de l’économie française" on s’aperçoit pourtant que le FN et la Fondation s’accorde d’une manière générale sur un diagnostic, consistant à tailler en pièce la politique menée depuis 30 ans. Les solutions, elles, divergent.

Augmenter les salaires, point commun du FN et de la gauche

Quand le parti dirigé par Marine Le Pen veut augmenter le pouvoir d’achat par la mise en place d’une "contribution sociale aux importations égale à 3 % du montant des biens importés" qui permettrait "d’augmenter de 200 euros net les rémunérations des salaires jusqu’à 1,4 fois le SMIC", le think thank s’étrangle. "Incompatible avec les règles du marché commun", cette mesure ne pourrait voir le jour qu’en cas de sortie du cadre européen.

En outre, la taxation des importations entraînerait quasi mécaniquement des mesures de rétorsion de la part des partenaires de la France, et pénaliserait donc ses exportations. Au final, "ce qui serait gagné en pouvoir d’achat au niveau du salaire serait reperdu par la hausse des prix que générerait cette taxe", selon ce rapport.

Ses auteurs affirment que le programme du FN s’apparente sur ce point à "la relance par les salaires et la consommation" initiée après la victoire en 1981 des signataires du programme commun de la gauche (PS, PCF et Radicaux de gauche). 

Le FN pourrait faire fuir les riches

Autre point de grief: la politique fiscale que pourrait mener un éventuel gouvernement frontiste. Là encore, le think thank ose la comparaison avec le PS et le supposé "choc fiscal" de 2012. La fusion de l’impôt sur le revenu et de la taxe d’habitation, proposée par le FN, "aboutirait à concentrer encore davantage l’impôt sur un petit nombre de contribuables". Comprendre: les Français les plus riches, étranglés, céderont plus facilement à la tentation de l’exil.

Au même titre que les entreprises seraient incitées à délocaliser leurs activités pour contourner l’alourdissement de l’impôt sur les sociétés voulu par le Front national.

Une sortie de l'euro, le scénario catastrophe?

Enfin, le rapport s’attaque à un thème cher aux dirigeants frontistes : la sortie de l’euro. La Fondation Concorde prévoit ainsi "un effondrement de la monnaie nationale, une explosion des prix à la consommation", une hausse du chômage, du déficit public et donc de la dette, ou du prix des matières premières importées comme le pétrole. Et fait le rapprochement avec "l'échec économique cuisant" vécu par...l'Argentine.

Un scénario catastrophe, que réfute Bernard Monot, stratégiste économique du FN. "Ce que nous voulons, c’est ressembler au Royaume-Uni, qui est le seul état souverain d’Europe qui maîtrise ses frontières, mais aussi son budget car il n’est pas soumis aux règles de Bruxelles", affirme le député européen. Selon lui, les poids-lourds mondiaux, à savoir "les Etats-Unis, la Chine, le Royaume-Uni, ou le Japon" se trouvent en position de force car "ils ont tous une monnaie nationale et procèdent à une dévaluation compétitive", ainsi qu’à un "protectionnisme intelligent".

Commentant le rapport de la Fondation Concorde, ce cadre frontiste réclame donc "un débat qui nous est refusé par ce think thank basé sur un modèle ultralibéral, et composé de partisans, de militants affiliés à l’UMP".