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"Le gouvernement décrédibilise l'action de l'Insee"

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L'économiste Jean-Marc Daniel, administrateur de l'Insee, critique l'attitude du gouvernement, au lendemain de la contestation par son porte-parole de statistiques produites par l'Insee.

L'attitude du gouvernement vis-à-vis de l'Insee est "grave" a estimé ce jeudi Jean-Marc Daniel, administrateur de l'Institut statistique et par ailleurs éditorialiste pour BFM Business. L'économiste qui enseigne à l'ESCP Paris réagissait aux critiques formulées par l'exécutif sur les méthodes de calculs de l'Insee.

Cette dernière prévoyait dans sa note de conjoncture parue mardi que les prélèvements obligatoires (impôts, taxes, prélèvements sociaux) allaient s'alourdir de 4,5 milliards d'euros l'an prochain. Le lendemain, le porte-parole du gouvernement, remettait en cause le raisonnement de l'Insee le qualifiant de "pas totalement exact". L'exécutif estime que les statisticiens ne prennent pas en compte la baisse de la consommation que pourrait provoquer la hausse de la fiscalité sur le tabac.

"L'Insee sur une voie dangereuse"

"C'est grave parce que ça porte atteinte à la crédibilité de l'institution, or elle est là pour fournir des informations nécessaires au débat, pas des composantes de débat. On décrédibilise l'action de l'Insee", s'est ému Jean-Marc Daniel. L'économiste rappelle ainsi que les analystes de l'Insee respectent un code de déontologie qui fixe la méthode pour produire des estimations. "Ensuite, on peut commenter le chiffre. Mais on ne remet pas en cause la méthode, qui, elle, est totalement scientifique", a-t-il déclaré.

Jean-Marc Daniel s'est également étonné de la réaction de l'institut statistique face à ces reproches. L'Insee s'est en effet fendue d'un nouveau communiqué mercredi, où elle précise ses méthodes de calcul. Elle y indique par exemple que "les indices de prix (utilisés pour mesurer l'évolution du pouvoir d'achat) sont toujours calculés selon la structure de consommation de l'année précédente, en accord avec les règles de la comptabilité nationale".

Pour l'administrateur de l'institution, le directeur de l'Insee "s'est senti obligé de s'adapter à la demande du gouvernement. À partir de ce moment-là on s'engage dans une voie dangereuse".

N.G.