BFM Business
Economie et Social

Le gouvernement s'attaque aux fonctionnaires

-

- - AFP/Jacques DEMARTHON

Un nouveau front s'ouvre pour le gouvernement : celui des fonctionnaires. Il souhaite désormais préférer le contrat au statut de fonctionnaire pour les missions secondaires de l'Etat.

Les fonctionnaires dans le viseur. Le gouvernement souhaite en effet préférer le contrat au statut de fonctionnaire pour les missions secondaires de l'Etat. Une révolution ? Oui et non.

Non parce qu'un agent sur cinq travaille déjà pour la fonction publique sous contrat. D'autre part, le sujet est connu. Le gouvernement a déjà annoncé vouloir s'y attaquer en février lors du Comité Interministériel à la Transformation Publique.

En revanche, si le contrat devient la norme plus que le statut, notamment dans tous les secteurs qui ne sont pas régalien alors oui, cette situation sera révolutionnaire.

Reste qu'après les retraités, les automobilistes et professionnels de la route, le gouvernement ouvre un troisième front social avec les fonctionnaires avant un quatrième avec les régimes spéciaux de retraite.

Pour rappel, il y a en France 5,5 millions d'agents publics, soit un actif sur 5, 2,4 millions pour l'Etat, (dont 1,3 million dans l'éducation nationale), 1,9 million pour la territoriale et 1,2 million travaillent pour l'hôpital.

Ce que disait Macron

Le statut de fonctionnaire qui est né en 1941, mais a été réécrit en 1946, visant à la neutralité du recrutement et à l'indépendance des agents publics face aux pressions politiques, a toujours fait l'objet de discussions.

Dans son programme avant son élection, Emmanuel Macron en avait d'ailleurs parlé et évoqué déjà une baisse de 120 000 fonctionnaires (50 000 pour l'Etat, 70 000 pour les collectivités) afin de diminuer la dépense publique de 3 points. Il n'est donc pas étonnant qu'il songe à s'attaquer aujourd'hui au statut. 

Mais le président de la République risque de se heurter à l'hostilité des syndicats qui vont bloquer cette réforme. 

Pour tenter de la faire aboutir, le gouvernement va mettre en place une nouveauté : un plan de départ volontaire avec 24 mois de salaire, droit aux allocations chômage et aide à la reconversion au deuxième semestre 2019.

Cette réforme est-elle nécessaire ? 

A priori, cette réforme semble nécessaire même s'il existe trois gros bémols. Le premier pour le gouvernement, est de ne pas confondre réforme du recrutement et réforme de l'Etat. D'autre part, il ne doit pas croire que réduire le statut va régler les problèmes d'équilibre budgétaire. La dépense d'Etat en France est similaire à celle de nos voisins et la vraie différence française vient des dépenses sociales et des transferts sociaux, bref du modèle social. Enfin, dernier bémol, dans bien des cas, les actuels contractuels sont titularisés à la fin de leur contrat de 10 ou 15 ans. 

De manière générale et vu le contexte actuel, il est étonnant pour le gouvernement de s'attaquer aux fonctionnaires sachant que l'on ne peut réussir la mutation de l'Etat sans eux. 

Autre remarque, il existe un risque en ouvrant « un véritable guichet de départ volontaire » car l'Etat pourrait voir partir ses meilleurs éléments. Enfin, attaquer le statut de la fonction publique est politiquement très audacieux car avec 5,5 millions de fonctionnaires, ils pourraient rapidement faire basculer un scrutin. A voir si Emmanuel Macron prendra ce risque.