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Le message d'Emmanuel Macron aux investisseurs étrangers

Emmanuel Macron vante l'attractivité de la France

Emmanuel Macron vante l'attractivité de la France - Ludovic MARIN / POOL / AFP

Ce lundi, pour la deuxième année consécutive, l’Elysée organise son événement Choose France. Le principe : que les patrons étrangers fassent une halte à Versailles en allant à Davos.

Ils seront 150 participants (120 dirigeants étrangers, 30 entreprises françaises). Contrairement à l’année dernière, 33% des participants sont des ETI françaises ou groupes du CAC 40. Après un déjeuner en présence d’Emmanuel Macron et d’Edouard Philippe, l’après-midi sera rythmée par six tables rondes thématiques, chacune animée par un ministre. Bruno Le Maire sera par exemple chargé de l’atelier « Economie et Social transformation ». Muriel Pénicaud pilotera l’atelier « World Champions and Talents ». En parallèle, un speed dating avec plusieurs centaines de rencontres se déroulera sous les dorures du château. Le chef de l’Etat et le Premier Ministre participeront à quatre ou cinq de ces rendez-vous BtoB.

Le contexte social a radicalement changé

L’année dernière, l’événement avait été couronné de succès. Ils étaient 140 grands patrons à s’être arrêtés en France. A l’époque, il y avait l’attrait de la nouveauté : tout le monde voulait rencontrer ce jeune président français, ancien banquier d’affaires, élu depuis seulement six mois. Le chef de l’Etat avait alors vanté sa politique pro business. Il venait de faire voter au Parlement un paquet de mesures visant à alléger la fiscalité du capital (réforme de l’ISF, prélèvement forfaitaire unique sur les revenus du capital, etc).

Alors que l’Europe était secouée par le Brexit et une montée des populismes, Emmanuel Macron voulait, vis-à-vis des chefs d’entreprises étrangers, jouer la carte de la stabilité, d’où le slogan qui était déroulé il y a un an à Versailles: France is Back ! A l’issue de l’événement, 3,5 milliards d’euros d’investissements avaient été annoncés, dont 2 milliards par l'éditeur de logiciels professionnels SAP. Cette année, il ne faut pas s’attendre à des montants aussi élevés. Il devrait y avoir au maximum une dizaine d'annonces, représentant plusieurs centaines de millions d’euros, selon l’Elysée. Il faut dire que le contexte a radicalement changé. Les CEO étrangers arrivent en France en pleine crise des gilets jaunes. D’ailleurs, une question récurrente des invités aura été de savoir si l’événement était maintenu, nous confie un des organisateurs.

Une séquence pro business

Mais à l’Elysée, on assume totalement cette séquence pro business. « Passer une demi-journée à convaincre des entreprises étrangères d'investir chez nous, c’est une réponse immédiate au cœur des revendications des gilets jaunes, car ces investissements ont vocation à développer les territoires et créer des emplois. », s’enthousiasme un proche du chef de l’Etat.

L’enjeu de cette deuxième session Choose France sera donc surtout de valoriser l’attractivité de la France, mais aussi de mettre en avant l’impact des investissements sur les territoires. Les organisateurs ont d’ailleurs cartographié les investissements étrangers en France de plus de 10 millions d’euros en 2017 et 2018. A l’Elysée, on est formel : l’attractivité s’est renforcée. « Un sondage Kantar-Business France réalisé en décembre et janvier, montre que l’impact de la crise sociale sur l’attractivité n’est pas si important », tempère un proche d’Emmanuel Macron.

La stabilité au cœur du message

Le gouvernement, au quasi grand complet à Versailles, va ainsi tenter de convaincre les investisseurs étrangers que la crise actuelle ne va pas compromettre la stabilité fiscale, juridique, voire politique de la France. « Un travail de nuance et d’équilibre est nécessaire car il faut, dans le contexte social actuel, donner une clé de lecture aux CEO, sans les effrayer », explique-t-on à l’Elysée.

Dans l’entourage du chef de l’Etat, on reconnaît qu’il y a eu récemment des ajustements fiscaux. Par exemple, si l’objectif d’un Impôt sur les sociétés ramené à 25% en 2022 ne bouge pas, la baisse prévue pour cette année vient d’être supprimée pour les entreprises dont le chiffre d’affaires dépasse les 250 millions d’euros. Cet arbitrage a été pris en urgence fin décembre afin de financer une partie des 10 milliards d’euros mis sur la table pour tenter d’apporter une réponse aux gilets jaunes. Mais à l’Elysée on estime que ces aménagements restent à la marge.

A Versailles, Emmanuel Macron expliquera donc aux investisseurs étrangers que toutes les mesures prises au début du quinquennat pour alléger la fiscalité sur le capital, n’auront pas vocation à bouger.