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Le patron du Medef prend la défense de BlackRock, accusé d'avoir influencé la réforme des retraites

Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, estime que la polémique qui entoure la société de gestion d'actifs américaine BlackRock concernant son rôle supposé dans le projet de réforme des retraites est "idiote".

Au centre depuis plusieurs semaines d'une polémique autour de son rôle supposé dans la réforme des retraites, BlackRock a reçu le soutien du patron du Medef. Invité ce lundi sur BFM Business dans l'émission Good Morning Business, Geoffroy Roux de Bézieux a estimé que la polémique à l'encontre du géant américain de la gestion d'actifs était "inutile et idiote".

La réforme des retraites "reste à 99% par répartition. On a fait ce choix. Et, en fait, c'est très difficile de passer d'ailleurs d'un système à l'autre (d'un système par répartition à un système par capitalisation, NDLR). Que la retraite par capitalisation se développe en France, peut-être. Mais, admettons qu'elle augmente de 50%, ce qui est énorme. Ça fera trois milliards d'euros supplémentaires (par an, parmi l'argent versé aux retraités, NDLR) sur un total de retraites de 300 milliards. Ça fait 1%. Donc restons honnête cette polémique est à la fois inutile et idiote", a ainsi jugé le président de l'organisation patronale.

"Premier poste de dépenses sociales (publiques et privées), les pensions de retraite représentent 314 milliards d’euros en 2017, soit 13,7 % du produit intérieur brut (PIB). Elles correspondent pour l’essentiel aux régimes légalement obligatoires ; la retraite supplémentaire, qui regroupe tous les produits gérés par des sociétés d’assurances, des mutuelles ou des institutions de prévoyance, ne représente que 2 % du total des prestations de retraite", précisait d'ailleurs la Drees (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques) dans son panorama 2019 sur les retraités et les retraites

BlackRock n'a pas l'intention de se lancer dans l'épargne retraite

Pour schématiser, dans un système par répartition, les cotisations des actifs financent directement les pensions des retraités, sans avoir été épargnées au préalable. Dans un système par capitalisation, les actifs mettent de côté de l'argent pour eux, qui leur sera versé au moment de leur départ en retraite. 

Le plus grand gérant d'actifs au monde (avec pas moins de 6.840 milliards de dollars d'actifs sous gestion) s'est vu accusé de faire valoir auprès des décideurs le régime de retraite par capitalisation, au détriment du système français actuel par répartition. Récemment, BlackRock s'est de nouveau défendu dans les colonnes du Monde en rappelant qu'il n'était absolument pas un fonds de pension, mais un gérant d'actifs pour le compte de ses clients (parmi lesquels des fonds de pension). BlackRock précise également qu'il ne distribue aucun produit d'épargne retraite et qu'il n'avait "aucune intention de le faire".

"Arrêtons de diaboliser la retraite par capitalisation"

Pour le président du Medef, le régime universel voulu par le président de la République Emmanuel Macron n'a pas vocation à passer d'un système de retraite par répartition à un système de retraite par capitalisation. En outre, selon lui, il convient non seulement de ne pas redouter un tel dessein, mais de ne pas non plus en obscurcir le tableau.

"Est-ce que vous savez quel est le premier régime en France de retraite par capitalisation? C'est chez les fonctionnaires. C'est Préfon. Donc arrêtons de diaboliser la retraite par capitalisation", souligne-t-il.

J.C-H