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Le plongeon de l'activité manufacturière française a commencé

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Sans surprise, l'indice PMI Markit de mars s'effondre et subit sa plus forte de chute en 7 ans. Et le pire est à venir.

Fermeture d'usines, arrêt des exportations..., l'activité du secteur manufacturier français a logiquement connu en mars sa plus forte chute depuis 7 ans, la propagation du coronavirus ayant entraîné une importante baisse de la production et des commandes, a rapporté mercredi le cabinet IHS Markit.

L'indice PMI des directeurs d'achat, qui mesure la performance globale du secteur sur la base des données recueillies auprès d'un panel de 400 entreprises opérant en France, est tombé à 43,2, contre 49,8 en février, selon un communiqué.

Un niveau inférieur à 50 points signale un repli de l'activité, tandis qu'une valeur supérieure à cette limite traduit une expansion.

Repli dans tous les secteurs

Il s'agit "de la plus forte détérioration de la conjoncture dans le secteur manufacturier français depuis janvier 2013", note IHS Markit.

L'activité s'est repliée dans tous les secteurs, et en particulier dans ceux des biens d'équipement et des biens intermédiaires.

La production a elle enregistré sa plus forte contraction depuis mars 2009, détaille le cabinet, du fait d'un "effondrement" des nouvelles commandes à la fin du premier trimestre, et parce que "de nombreuses usines (ont) dû fermer pour une durée indéterminée en raison de la propagation de l'épidémie".

Chute des nouvelles commandes

Le niveau des nouvelles commandes a ainsi connu sa plus forte baisse depuis un peu plus de onze ans, en partie du fait du recul des ventes à l'export, notamment en provenance de Chine et d'Allemagne, note le cabinet.

Face à cette situation, les entreprises ont logiquement réduit leurs effectifs, avec un taux de destruction de postes "à son plus haut niveau depuis janvier 2013".

"Les fermetures d’usines résultant de l’épidémie de coronavirus ont très fortement affecté les performances du secteur manufacturier français en mars. En effet, la production et les nouvelles commandes ont enregistré leurs plus fortes contractions depuis la crise financière mondiale de 2009, témoignant de la sévérité des répercussions de la crise sanitaire actuelle sur l’environnement économique", commente Eliot Kerr, économiste à IHS Markit.

Le pire est à venir pour la zone euro

"La pandémie de coronavirus s’est répercutée tant sur le niveau de l’offre que sur celui de la demande. La disponibilité de matières premières et de produits semi-finis a en effet chuté, la fermeture de nombreuses usines et la forte hausse des délais de livraison d’intrants ayant entraîné des ruptures d’approvisionnement en mars. Parallèlement, les dispositifs de restriction de circulation et de confinement imposés par le gouvernement ont fait chuter le niveau de la demande, portant un double coup à l’économie du pays", poursuit-il.

D'ailleurs, la France fait moins bien que la zone euro en mars (indice à 44,5) mais IHS estime que "la contraction du secteur manufacturier de la zone euro est encore plus sévère que ne le suggère le repli de l’indice PMI à un creux de sept ans et demi, l’indice titre ayant en effet été soutenu par sa composante relative aux délais de livraison des fournisseurs".

L'Italie touche un plus bas de 131 mois

Et de prévenir: "la contraction du secteur manufacturier étant loin d’avoir atteint son plus haut niveau, il faut s’attendre à voir la situation se détériorer davantage au cours des prochaines semaines, au fur et à mesure que les restrictions imposées pour freiner la propagation du virus feront s’écrouler la demande (des entreprises et des consommateurs) et provoqueront un effondrement des nouvelles commandes reçues par les entreprises toujours en activité".

En mars, si l'Allemagne sauve les meubles avec un PMI de 45,4, un plus bas de "seulement" deux mois, l'activité manufacturière italienne plonge (40,3) atteignant un plus bas de 131 mois. Seuls les Pays-Bas (parmi les 8 grands de la zone euro) restent au-dessus des 50 points.

Olivier Chicheportiche avec AFP