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Finances publiques

Le service national de Macron pourrait coûter 30 milliards d'euros

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- - Jean-Christophe Verhaegen - AFP

Un rapport sénatorial rendu public ce mardi propose un calendrier et une méthode pour augmenter le budget de la Défense. Mais le service national obligatoire voulu par le chef de l'État pourrait poser problème.

Les sénateurs Jean-Pierre Raffarin et Daniel Reiner plaident pour une augmentation du budget de la Défense de deux milliards par an d'ici 2022 afin d'atteindre l'objectif de 2% du PIB, dans un rapport rendu public ce mardi. Mais les deux parlementaires s'inquiètent de l'impact que le service national obligatoire proposé par Emmanuel Macron pourrait avoir sur les finances des armées.

Son éventuelle instauration - dont le coût pourrait atteindre 30 milliards d'euros sur cinq ans selon eux - "ne doit pas 'tuer dans l'oeuf' la remontée en puissance des moyens des armées", indiquent-ils.

"Une remontée en puissance de l'effort de défense paraît indispensable" au regard du contexte géopolitique international et du "péril terroriste d'inspiration jihadiste", relèvent-ils dans un rapport de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat intitulé "2% du PIB: les moyens de la défense nationale".

L'objectif d'un budget de la Défense à 2% du PIB, fixé par l'Otan, "semble faire l'objet d'un large consensus" et permet de "fixer un cap", soulignent l'ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin (LR), président de la commission, et le socialiste Daniel Reiner, spécialiste des questions de défense.

Pour y parvenir, les deux sénateurs préconisent une hausse du budget de deux milliards d'euros par an "en vue d'atteindre les 2% du PIB en 2022, pensions et surcoûts d'OPEX (opérations extérieures) et OPINT (opération Sentinelle) inclus".

Doublement du budget de la dissuasion nucléaire

Le budget de la Défense passerait ainsi à 35,5 milliards d'euros en 2018, 37,5 milliards d'euros en 2019 et 39,5 milliards en 2020, détaillent-ils. Sans cet ajustement, il reculerait à 1,7% du PIB en 2019 et 1,63% à l'horizon 2023, contre 1,79% en 2016, selon leurs projections.

"Cette cible paraît en ligne avec l'ambition fixée par le président de la République d'atteindre ces 2% en 2025 mais hors pensions et surcoûts OPEX", notent les deux sénateurs.

Une telle trajectoire permettrait de rattraper des besoins criants des forces conventionnelles (avions, hélicoptères, drones...) puis d'entamer la modernisation de la dissuasion nucléaire. À l'horizon 2025, le budget de la dissuasion devra ainsi avoir quasiment doublé par rapport à 2013 pour atteindre 5,5 milliards d'euros, selon eux.

L'Élysée et le ministère des Armées doivent engager une réflexion d'ici la fin de l'année sur les enjeux stratégiques auxquels le pays est confronté en vue de l'adoption d'une nouvelle Loi de programmation militaire (LPM) pour 2018-2022. Après des années de restrictions budgétaires puis un redressement des crédits militaires après les attentats de 2015, "la sécurisation de la trajectoire financière de la future LPM est impérative", soulignent Jean-Pierre Raffarin et Daniel Reiner.

Ils réclament aussi une plus grande "sincérité" dans le financement des opérations extérieures qui ne sont que partiellement prises en charge par le budget de la Défense et dont les surcoûts non budgétés - environ un milliard d'euros par an - sont partagés à chaque fin d'exercice entre tous les ministères. 

Y.D. avec AFP