BFM Business
Economie et Social

Le sport féminin veut passer la seconde

L'équipe de France féminine de football est nettement moins médiatisée que son pendant masculin.

L'équipe de France féminine de football est nettement moins médiatisée que son pendant masculin. - Charly Triballeau / AFP

Le CSA organise l'opération Sport Féminin Toujours pour la deuxième année consécutive. Durant le week-end, le Les chaînes de télévision et de radio vont mettre le sport féminin à l'honneur. Le but : inciter les médias à diffuser plus de sport féminin pour promouvoir la pratique mais aussi développer l'économie du secteur.

L'objectif est ambitieux : faire du sport féminin l'équivalent du sport masculin, aussi bien en nombre de pratiquants qu'en terme de business. Pour y parvenir, le CSA en est convaincu, il faut accélérer sa médiatisation. Une tâche, reconnait l'organisme, qui sera difficile tant le sport masculin domine aujourd'hui le paysage audiovisuel. L'année dernière par exemple, 5 millions de téléspectateurs ont suivi l'équipe de France féminine en finale de l'euro de handball. Un record pour une compétition féminine, mais une paille face aux audiences du football masculin. Plus de 19 millions de Français étaient en effet devant leur poste pour la finale du Mondial. Peu à peu cependant, le sport féminin grappille du terrain. En 2012, il représentait 7% seulement du volume total des retransmissions sportives. En 2017, il grimpait entre 16 et 20%.

Faire émerger des héroïnes

« Notre but en 2019, est de dépasser les 20% » explique Nathalie Sonnac, présidente du groupe de travail économie, concurrence et sport du CSA, « nous voulons absolument franchir ce plafond de verre ». « Renforcer la médiatisation du sport féminin, cela va permettre de faire émerger des héroïnes, des modèles féminins » explique de son côté Roxanna Maracineanu. « Davantage de médiatisation, c'est davantage de financement pour le sport féminin, davantage d'argent pour les équipements et les infrastructures aussi » assure la ministre des Sports.

Pour la deuxième année consécutive, le Conseil supérieur de l'Audiovisuel a donc demandé aux médias français de mettre le sport féminin à l'honneur ce week-end, dans le cadre de l'opération Sport Féminin Toujours. France 2 va par exemple diffuser le match de rugby Angleterre-France du tournoi des VI Nations dimanche, avant le match des hommes. BeIN, France 4 et France Ô retransmettront le premier tour de la Fed Cup de tennis opposant la Belgique à la France. Eurosport proposera de son côté le quart de finale de la coupe de France de football Lyon-PSG.

Le Mondial féminin, une occasion en or

Avec cette mobilisation le temps d'un week-end, le CSA veut donner l’exemple, et inciter les médias à généraliser cette pratique tout au long de l’année. Et le sport féminin tient en 2019 l'occasion rêvée de passer un cap. La France organise en effet la Coupe du monde de football, du 7 juin au 7 juillet prochain. « L’événement est un formidable levier pour donner de la visibilité au sport féminin et mettre les athlètes sous le feu des projecteurs » reconnait Roxanna Maracineanu.

Signe de l'intérêt croissant suscité par les femmes, les droits TV du Mondial ont flambé. Le groupe TF1 aurait dépensé 12 millions d'euros pour cette édition, alors que M6 et W9 n'avaient déboursé que 850 000 euros en 2015. TF1 semble d'ailleurs décidé à mettre le paquet sur l'événement. Tous les matchs de l'équipe de France, dès les poules, seront diffusés sur la première chaîne et non sur TMC, cela n'était jamais arrivé sur une grande chaîne hertzienne. Comme en 2018, le duo star Grégoire Margotton - Bixente Lizarazu commentera les matchs des Bleues, signe là-encore de l’intérêt accordé à la compétition. Paria il y a quelques années, le sport féminin est de plus en plus vu comme une aubaine pour les diffuseurs. « C'est aussi pour eux l'occasion de diversifier leur public traditionnellement fan de sport » souligne Roxanna Maracineanu. Un moyen de gagner sur tous les tableaux, en attirant non seulement une audience masculine, mais aussi féminine et familiale.

Justine Vassogne