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Les 3 réformes de Juppé qui pourraient faire descendre les Français dans la rue

"Cela va être difficile, il faut des réformes radicales, on ne peut pas continuer comme cela parce que là on va dans le mur", a déclaré Alain Juppé, invité du journal de 20 heures, dimanche soir 6 novembre 2016.

"Cela va être difficile, il faut des réformes radicales, on ne peut pas continuer comme cela parce que là on va dans le mur", a déclaré Alain Juppé, invité du journal de 20 heures, dimanche soir 6 novembre 2016. - Mehdi Fedouach-AFP

S'il est élu, Alain Juppé promet des réformes radicales qui risquent "d'être difficiles". Ses propositions sur le recul de l'âge légal de la retraite à 65 ans, l'alignement des retraites du public sur celles du privé, la réforme du CDI et la fin des 35 heures, sont parmi les plus audacieuses.

Alain Juppé n'a pas caché les difficultés qui l'attendent s'il est élu président de la République, concernant en particulier certaines réformes de son programme. Favori des sondages pour la primaire de la droite, le candidat Les Républicains a prévenu dimanche sur TF1 que les réformes à venir seraient "difficiles" s'il est élu président, en promettant d'expliquer pourquoi elles "sont nécessaires" au nom du recul du chômage.

"Cela va être difficile, il faut des réformes radicales, on ne peut pas continuer comme cela parce que là on va dans le mur, l'échec est patent", a déclaré Alain Juppé, invité du journal de 20 heures.

L'ancien Premier ministre de Jacques Chirac a promis de "dire la vérité avant" d'être élu, d'"afficher clairement la couleur". Dans l'esprit d'Alain Juppé, son éventuelle élection à la présidence de la République en 2017, vaudrait référendum pour certaines réformes drastiques qu'il s'engagera à appliquer s'il est élu. Toutefois, son programme économique, intitulé "Cinq ans pour l'emploi", contient trois réformes de fond qui remettent en cause des acquis sociaux sur des sujets qui ont pour habitude de mettre régulièrement les Français dans la rue depuis 20 ans.

Aligner progressivement les retraites du public sur celles du privé. Cette proposition, devant laquelle tous les gouvernements ont buté, consiste en l'affiliation des fonctionnaires des trois fonctions publiques (d’État, hospitalière, territoriale) au régime général et aux caisses de retraite complémentaire comme les salariés du privé. La réforme serait très progressive puisqu'elle ne concernerait que les nouveaux embauchés, recrutés sur concours à partir de 2018. À terme, cela aboutirait à la disparition des écarts avec les salariés du privé. En effet, à l'heure actuelle, des différences notables dans le mode de calcul subsistent. Dans la fonction publique, le montant de la pension est calculé sur les six derniers mois de salaire alors que la retraite des salariés du privé l'est sur les 25 meilleures années, ce qui abaisse mécaniquement leur montant. Sur le plan du budget de l'État, cette réforme a l'inconvénient de ne faire sentir ses effets que sur le long terme, quand les fonctionnaires recrutés en 2018 auront effectué leurs quarante (et plus) années de carrière.

Relever l'âge légal de la retraite à 65 ans. Alain Juppé propose un décalage progressif à partir de 2018 de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans. Il a notamment indiqué, lors de son intervention sur TF1, qu'il entendait expliquer par exemple que "si on ne décale pas progressivement l'âge de départ à la retraite à 65 ans, on ne pourra pas payer les retraites de nos enfants et au-delà", précisant qu'il profiterait de cette réforme "pour améliorer les petites retraites". Pour Alain Juppé, cette réforme a pour but de générer à elle seule des économies de 20 milliards d'euros pour la sécurité sociale sur 5 ans. Le décalage de l'âge légal de la retraite, aujourd'hui fixé à 62 ans, depuis la réforme de 2010, avait provoqué une très forte grogne sociale sous le gouvernement Fillon. La réforme de Marisol Touriaine de 2014 a fixé une hausse progressive de la durée de cotisation pour une retraite à taux plein d'un trimestre tous les 3 ans, jusqu'à 43 ans en 2035 (41,5 ans avant la réforme).

Assouplir le CDI et supprimer les 35 heures. "Il ne faut surtout pas donner aux Français le sentiment qu'on les trahit comme cela a été le cas sur la loi Travail sur laquelle François Hollande s'est planté parce qu'elle ne figurait pas dans son programme" a expliqué Alain Juppé sur TF1. Une attaque en règle concernant la façon dont la loi El Khomri a été proposée puis votée, provoquant une agitation sociale bruyante et parfois bloquante pour l'économie française au printemps 2016. Alain Juppé propose une réforme importante du CDI qui pourrait toutefois susciter un tollé chez certains syndicats. Elle consiste à inscrire à l'avance des motifs de rupture du CDI adaptés à l'entreprise, encadrés par la loi et homologués par l'administration. Ces motifs figureront dans le contrat de travail et ce dès sa signature. Alain Juppé s'engage aussi à supprimer la durée légale de 35 heures à laquelle sont très attachés les syndicats et une majorité de salariés français. Il propose de laisser les entreprises libres de fixer leur durée du travail, par la négociation. À défaut d'accord au bout de deux ans, il sera possible de solliciter un référendum d'entreprise pour fixer la durée hebdomadaire du travail. Une manière d'inciter les partenaires sociaux à négocier plutôt qu'à bloquer...

Frédéric Bergé
https://twitter.com/BergeFrederic Frédéric Bergé Journaliste BFM Éco