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Les défaillances d'entreprises au plus bas depuis 10 ans, notamment dans l'industrie

Les défaillances d'entreprises ont baissé de 4,6% en 2017

Les défaillances d'entreprises ont baissé de 4,6% en 2017 - Flickr.

Selon le bilan 2019 du cabinet Altares, 52.000 procédures ont été comptabilisées, soit un recul annuel de 4,8%. Malgré les grèves et les gilets jaunes, le commerce sauve les meubles. Mais les PME inquiètent.

Sur le papier, il y a de quoi être satisfait. Selon le bilan annuel du groupe Altares (spécialiste de l'information sur les entreprises), les défaillances d'entreprises ont atteint en 2019 un plus bas de 10 ans avec 52.002 procédures enregistrées, soit un recul de 4,8% sur un an. On notera que ce chiffre est assez proche de celui de la Banque de France. 

"Alors que les premiers mois de 2019 confirmaient les lourdes répercussions du mouvement des gilets jaunes, l’année s’achève heureusement sur un niveau de défaillances d’entreprises au plus bas depuis dix ans. Le dernier trimestre signe même le meilleur chiffre depuis le 4e trimestre 2007 (-8,8% sur un an)", commente Thierry Millon, directeur des études Altares.

Mais dans le détail, les PME continuent à susciter des inquiétudes. "Les trois quarts des jugements concernent de très petites entreprises avec 39.000 défaillances enregistrées. Mais le dispositif d’aides publiques peut avoir contribué à maintenir hors de l’eau d’autres entrepreneurs en difficultés. Cette année, ce sont les PME qui ont été durement impactées. C’est pourquoi en dépit du recul des procédures collectives, le nombre d’emplois menacés augmente encore et atteint 173.800 postes", ajoute le spécialiste.

Les grandes PME (plus de 50 salariés) ne sont pas épargnées avec 347 entités en difficulté dont une centaine sur le seul dernier trimestre, soit une augmentation de près de 14% sur un an.

Les difficultés sont plus particulièrement prononcées sur les sociétés de 50 à 99 salariés dont les défaillances ont crû de 20% en 2019 et de 33% sur le seul dernier trimestre. 

Le secteur le moins touché est l'industrie (qui a été en 2019 un des moteurs des créations d'entreprises). Les défaillances baissent de 7,6% dans le manufacturier et 14% dans l'industrie agroalimentaire. Reste que certains secteurs comme l'imprimerie ou la mécanique industrielle sont très fragilisés avec des défaillances qui bondissent au 4e trimestre (+86% et +24%).

L’amélioration se poursuit également pour le secteur de la construction avec -5,4% de défaillances sur l’année et -8,4% sur le 4e trimestre.

Le commerce de détail sauve les meubles

Malgré les grèves et les gilets jaunes, le commerce de détail sauve les meubles avec des défaillances en baisse de 6,7% (-12,6% au 4e trimestre). Même tendance pour la restauration avec une baisse globale de 5,5% mais le dernier trimestre est dans le rouge avec une hausse de 6,1% des défaillances.

Dans le rouge, les défaillances repartent à la hausse dans les services informatiques et édition de logiciels (+4,3% sur l’année et +2,2% au 4e trimestre). Elles augmentent de 5,3% dans le transport routier de marchandises après un dernier trimestre difficile (+9,7%). 

Côté régions, la Normandie remporte la palme de la baisse des défaillances (-9,7% à 2157), devant les Pays de la Loire (-8,6% à 2209). En Ile-de-France, le recul est de 5,1% à 11.508. Seules deux régions voient les défaillances augmenter: Provence Alpes Côte d'Azur (+0,7% à 5348) et Bourgogne-Franche-Comté (+2,1% à 1966).

Cette tendance va-t-elle se maintenir cette année? "La question est probablement désormais de savoir si 2020 tiendra encore. Tenir, en effet, est la seule option proposée à toutes ces très petites entreprises dont l’absence de cessation de paiement - et donc de défaillance en 2019 - masque en réalité des trésoreries toujours sur le fil. La survie de nombre d’entre elles passe par de fortes mesures d’économies à commencer par l’acceptation de ne plus se verser un salaire en attendant… Les PME sont quant à elles déjà entrées en zone de turbulence. Chaque jour, une société de plus de 50 salariés tombait en défaillance cette année. La croissance 2020 est attendue au mieux stable et plus certainement en retrait par rapport à 2019. Dans ces conditions, on peut difficilement prévoir de descendre sous le seuil des 52.000 procédures collectives l’année prochaine", ajoute Thierry Millon.

Olivier Chicheportiche