Les fonctionnaires dans la rue, hantise de François Hollande
L'exécutif a suffisamment de soucis avec le projet de loi Travail de Myriam El Khomri pour ne pas ouvrir un autre front social. C’est pourtant ce qui a bien failli se produire avec les 5,2 millions de fonctionnaires.
Lundi, la nouvelle ministre de la Fonction publique, la radicale Annick Girardin, se montrait très réservée sur la possibilité d’accorder une augmentation générale pour les fonctionnaires.
Mais ce jeudi, dans Les Échos, elle annonce "qu'un geste salarial même modeste serait un signal important pour les fonctionnaires". Elle reprend finalement ce que disait voici peu Marilyse Lebranchu qu'elle a remplacée. Ce geste pourrait intervenir en mars.
Bug gouvernemental évité?
Est-on passé à côté d’un nouveau bug gouvernemental? Cela y ressemble beaucoup. En tout cas, si le gouvernement voulait que les gros bataillons de syndiqués de la fonction publique viennent grossir les rangs des manifestations que les syndicats vont organiser contre la loi El Khomri, il suffisait de dire aux fonctionnaires comme s'était avancée Annick Girardin lundi qu’ils n’auraient pas d’augmentation générale. Il faut quand même rappeler que les dernières grandes vraies mobilisations sociales en France ont concerné le secteur public.
Le gouvernement a donc tout intérêt à câliner ses fonctionnaires même si c'est au prix d'une dégradation des comptes publics qui ne se verra vraiment qu'en... 2017. La hausse de 1% de la valeur du point d'indice coûterait en effet plus de 1,6 milliard par an aux finances de l'État, des hôpitaux et des collectivités locales.
Contre le "fonctionnaire bashing" de la droite
Politiquement, c'est payant. D'autant que François Hollande et son gouvernement sont aidés en cela par l'opposition. Que proposent en effet les candidats Républicains à la primaire et à l’Elysée? De supprimer 100.000 postes de fonctionnaires par an pour Bruno Le Maire; les refaire travailler 39 heures pour François Fillon; revoir leur régime de retraite et les recruter par contrat pour Nicolas Sarkozy.
En face, François Hollande va donc avoir beau jeu de se poser en défenseur des fonctionnaires qui constituent un électorat naturel de la gauche.
On se souvient d’ailleurs qu’à l’automne, il avait recadré assez sèchement le ministre de l'Économie Emmanuel Macron qui s’était interrogé à haute voix sur le bien-fondé du statut à vie des fonctionnaires.