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"Les Français ne comprendraient pas qu'on mette un obstacle budgétaire à leur sécurité"

Michel Sapin était l'invité de BFMTV et RMC ce jeudi.

Michel Sapin était l'invité de BFMTV et RMC ce jeudi. - BFM

Sur BFMTV et RMC ce matin, le ministre des Finances Michel Sapin a indiqué que les nouvelles mesures contre le terrorisme coûteraient 600 millions d'euros, mais que l'objectif de réduction de déficit était maintenu.

Les attentats du 13 novembre auront-ils un impact sur la croissance française? Le ministre des Finances, Michel Sapin, s'est bien gardé de s'avancer sur cette question ce jeudi face à Jean-Jacques Bourdin. Il a en revanche détaillé les mesures économiques prises après ces événements dramatiques.

Michel Sapin a jugé "très difficile de dire" si les attentats auront des conséquences sur la croissance française. "Il y a des gens qui sont catégoriques dans un sens ou dans un autre. Moi j'ai appris, dans ce domaine-là, à être relativement modeste. Regardons ce qui s'est passé au début de cette année, avec Charlie. On s'est tous dit que cela allait avoir un impact à la baisse sur la croissance. Or c'est le trimestre où la croissance a été la plus forte. Cela n'a aucun rapport, aucune relation. Il ne peut y avoir d'impact sur la croissance que si les Français baissent la tête. Je dis aux Français 'vivez, montrez à ces terroristes que ça ne change rien à votre vie'", a expliqué le ministre.

Michel Sapin a en outre dévoilé le montant des mesures annoncées par le chef de l'État pour lutter contre le terrorisme, comme la création de 8.500 postes dans la justice, les douanes et la police. "Elles vont coûter aux alentours de 600 millions d'euros supplémentaires pour 2016". Un montant important, mais tout relatif "comparé aux 2.000 milliards de PIB", a-t-il souligné.

La France ne laisse pas filer son déficit

Pour autant, "la France ne va pas laisser filer son déficit. Mais je pense que les Français ne comprendraient absolument pas qu'on mette un obstacle budgétaire à leur sécurité. La sécurité est une priorité, cela passe avant tout", a-t-il martelé. "Est-ce que pour autant on abandonne le sérieux budgétaire? Ce n'est pas telle règle ou telle autre, ce n'est pas aux Européens de nous imposer quoi que ce soit, mais nous le savons, nous devons diminuer nos déficits pour freiner l'endettement. Ce sérieux budgétaire continuera à s'appliquer. Les objectifs de réduction du déficit que nous avons fixés pour l'année prochaine restent les mêmes", a assuré Michel Sapin. D'ailleurs l'Europe serait bienveillante à l'égard de ces nouvelles dépenses: "Mes collègues européens ont été les premiers à me dire qu'ils comprenaient la France, que la sécurité passait d'abord".

Dans cette optique de lutte contre le terrorisme, le gouvernement compte notamment interdire les cartes bancaires prépayées anonymes. Pour s'en procurer, il faudra désormais "présenter des documents d'identité". Une disposition va passer par décret en France d'ici la fin de l'année. Mais il faut agir au niveau européen. Une directive a été élaborée en juin dernier et va devoir être appliquée plus vite que prévu.

Sur un tout autre sujet, celui de la fiscalité de l'énergie, le ministre a confirmé que la taxation de l'essence classique, le sans plomb 95, devrait augmenter de 2 centimes par litre et celle du gazole de 3,5 centimes à partir du 1er janvier 2016. Seule l'essence contenant au moins 10% de bioéthanol échappera au relèvement de la fiscalité sur les carburants inscrit dans le projet de loi de finances rectificative de fin d'année, a-t-il précisé.

Le gouvernement n'a pas abandonné l'idée de rapprocher prix du diesel et prix de l'essence, a-t-il déclaré. "Pour que (l'écart de prix) se réduise, il y a une augmentation plus forte sur le gazole", a dit Michel Sapin. "À partir de 2017, toutes les hausses sont compensées par des baisses, totalement et complètement", a affirmé le ministre des Finances.

N.G.