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Les gilets jaunes dans la droite ligne des révoltes fiscales

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Avec ces nouvelles violences, on constate que le déroulé des événements se répète de façon quasi-identique de siècles en siècles.

Au XIVe siècle, ce furent les jacques, puis les maillotins ; au XVIe siècle, ce furent les pitauds ; au XVIIe siècle, ce furent les croquants, les angelets, les lustucrus et autres bonnets rouges. Autant de noms à l’origine plutôt mystérieuse qui désignent des mouvements violents de révolte contre les impôts, et singulièrement les impôts indirects.

En fait, le déroulé des événements se répète de façon quasi-identique de siècles en siècles. L’Etat monarchique, en manque de moyens pour mener les guerres qu’il a entreprises souvent inconsidérément, augmente les droits sur les produits de première nécessité, en général le sel, le vin ou le cidre en avançant quelques prétextes plus ou moins bien ficelés pour justifier cette augmentation. D’abord victorieuse par effet de surprise, la révolte est matée dans le sang, les chefs exécutés de façon spectaculaire pour inspirer l’effroi tandis que les hausses d’impôts sont en partie réduites en signe d’apaisement.

Ces crises violentes qui se sont succédé sous l’Ancien régime avaient conduit Jean-Jacques Rousseau à rappeler que les mots « impôt » et imposteur » ont la même origine. Rousseau précise en effet dans son « discours sur l’économie politique » que l’imposteur, qui était initialement celui qui crée des impôts, désigne désormais dans le langage courant, eu égard au vécu malheureux des populations, un menteur. Elles ont surtout conduit la France, à l’instar des pays anglo-saxons, à adopter le principe « No taxation without representation ». En 1789, les élus aux Etats-généraux ont symboliquement supprimé les impôts pour les remplacer par des contributions. Pour eux, la violence fiscale de l’Etat d’Ancien Régime devait faire place à l’acceptation démocratique de la participation de chacun à l’effort collectif.

Cela signifie que, dans une démocratie, le lieu d’expression naturel de la volonté des contribuables est le parlement élu. Leurs représentants légitimes ne se sélectionnent pas sur les réseaux sociaux mais dans les urnes. Leur arme n’est pas le pavé arraché à la rue mais l’amendement arraché au gouvernement en séance de vote du budget.

Nos dirigeants qui se gargarisent des mots « République » et « républicains » doivent se souvenir que le rôle du gouvernement est de garantir la sécurité publique et le respect de la propriété et que celui du parlement est de s’investir dans l’examen du budget sans se soumettre ni aux injonctions de Bercy ni aux menaces des émeutiers.