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Les grandes erreurs du gouvernement avec la réforme des retraites

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Invité sur BFM Business, Victor Poirier, directeur des publications au sein de l'Institut Montaigne et spécialiste des questions de finances publiques, estime que pour mettre en place un régime de retraite véritablement universel, l'exécutif aurait dû procéder autrement.

Tout est une question de mesure en matière de réforme. Encore faut-il trouver le bon équilibre et procéder dans l'ordre, comme l'estime le directeur des publications au sein de l'Institut Montaigne Victor Poirier, invité ce lundi à l'antenne de BFM Business.

"On fait les choses un peu à l'envers aujourd'hui", estime celui qui a notamment contribué à un rapport publié en 2016 ayant inspiré Emmanuel Macron pour la réforme des retraites. "On préconisait il y a maintenant trois ans de d'abord s'assurer que le système serait stable financièrement avant ensuite de lancer une potentielle réforme systémique, donc un potentiel changement de système. Le gouvernement a choisi de faire les choses dans l'autre sens. Donc d'abord de changer le système et ensuite de voir l'implication financière de la réforme", analyse le spécialiste des questions de finances publiques.

Le problème, selon lui, c'est qu'en voulant instaurer l'âge pivot en même temps, le gouvernement "confond deux objectifs qui sont vraiment contradictoires. (…) Les arrangements qui ont été annoncés par Emmanuel Macron sont aujourd'hui assez difficiles à financer. Aujourd'hui, on a vraiment un problème de bouclage dans toutes les annonces qui ont été faites", juge Victor Poirier.

Un régime pas si universel

Mais au-delà de la manière dont cette réforme a été conçue et orchestrée, ce qui laisse les observateurs perplexes c'est aussi son caractère universel, alors qu'il y a déjà une dizaine de dérogations concédées à certains corps de métiers (policiers, danseurs de l'Opéra de Paris ou encore pilotes de ligne). Ce sont "des régimes spéciaux qui ne seront plus spéciaux mais qui seront quand même un petit peu spéciaux", pointe l'expert de l'Institut Montaigne.

"Aujourd'hui c'est sûr que le régime ne sera pas universel quand on voit toutes les dérogations qui sont accordées", relève-t-il. "Maintenant, c'était prévisible et je pense que cela a été mal présenté. Dès le début, on aurait pu dire que certains éléments de pénibilité, certains éléments de carrière longue devaient être pris en compte. Et que donc le système ne serait pas le même pour tous. Il y a eu un mauvais message qui a été donné dès le départ. Et donc aujourd'hui, on revient en arrière, on rétropédale. Et donc ça donne encore un sentiment de méfiance de la part des citoyens", analyse Victor Poirier. "Le principe même de 1 euro cotisé donne lieu aux mêmes droits pour chacun, même celui-là est plus ou moins bafoué", conclut-il.

J.C-H