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Economie et Social

Transports, énergie: les grèves se multiplient pour l'ouverture de l'Euro

Une majorité de Français désapprouve désormais la poursuite des grèves contre la loi Travail

Une majorité de Français désapprouve désormais la poursuite des grèves contre la loi Travail - Jeff Pachoud - AFP

"Transports, pétrole, ports, docks, énergie, déchets: les mouvements sociaux se multiplient, au moment où la France accueille l'Euro de football.  "

Une grève des cheminots, "totalement incompréhensible" selon Manuel Valls, mais qui dure, un nouvel appel à la grève dans l'énergie et un préavis des pilotes d'Air France: alors que l'Euro de foot démarre vendredi, la semaine s'annonce encore périlleuse sur le front social pour le gouvernement. Coincé entre opposition à la loi Travail et des revendications plus catégorielles, l'exécutif a multiplié les gages, au cas par cas, mais refuse de plier sur le texte de la ministre du Travail, Myriam El Khomri.

En face, l'intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et FIDL appelle à "renforcer la mobilisation" avec, en ligne de mire, la manifestation nationale du 14 juin à Paris. La CGT-Cheminots et SUD-Rail ne disent pas autre chose à la veille de l'ultime table ronde consacrée au nouvel accord sur l'organisation du temps de travail à la SNCF, qui a lieu ce lundi.

Un Transilien sur deux

Lancée mercredi, la grève, qui perturbait encore fortement le trafic ferroviaire pendant le week-end, a été reconduite jusqu'à lundi, malgré l'appel du patron de l'entreprise, Guillaume Pepy, à la "solidarité" avec les Français. La grève coûte 15 à 10 millions d'euros par jour à l'entreprise, a fait savoir la direction de la SNCF lundi.

Sur les lignes TGV et TER, six trains sur dix devraient circuler en moyenne ce lundi. En revanche, le trafic reste fortement perturbé pour les Intercités (un train sur trois) et les Transilien (un train sur deux), ces derniers étant touchés aussi par les crues.

Plus en détails du côté TGV: l'axe Nord enregistrera une nette amélioration, avec huit trains sur dix (contre cinq sur dix samedi et dimanche). L'axe Atlantique sera desservi par six trains sur dix, et l'Est, deux sur trois. L'axe Sud-Est restera le plus perturbé, avec un TGV sur deux. Quant aux TGV à bas prix Ouigo, trois sur quatre circuleront.

Les RER perturbés

Les lignes de RER continuent également d'être perturbées: un train sur trois est annoncé sur le RER B (pour sa portion Nord depuis Gare du Nord jusqu'à Mitry-Claye et l'aéroport Charles-de-Gaulle) et seulement un sur quatre sur le RER C, dont la circulation est interrompue dans Paris intra-muros par la crue de la Seine. Le trafic du RER A est en revanche normal.

Samedi, Manuel Valls a aussi invoqué la "solidarité" pour appeler les cheminots à "arrêter ce mouvement le plus vite possible". Une grève que le Premier ministre a jugée "totalement incompréhensible" dans le contexte des inondations. Pour les deux syndicats, l'accord d'entreprise qui doit être proposé lundi n'est "pas au niveau". 

La CGT et SUD maintiennent la pression

L'État a pourtant manoeuvré le week-end dernier pour désamorcer la crise, quitte à contrarier les objectifs de Guillaume Pepy. Un pari en partie réussi: la CFDT a levé son préavis, se félicitant d'un texte "encore plus favorable que celui existant", puis l'Unsa a suspendu le sien. Mais pour la CGT et SUD, les dispositions actuelles ne sont pas préservées pour les cheminots.

Les deux organisations réclament aussi la réouverture des négociations au niveau de la branche pour obtenir une première convention collective commune à toutes les entreprises du rail (fret/voyageurs, privé/public), plus ambitieuse que celle soumise à signature jusqu'au 8 juin. Elles ont déploré samedi le refus du gouvernement de peser en ce sens. À ces revendications s'ajoute leur opposition à la loi Travail.

L'opinion se lasse

Décidée à obtenir le retrait d'un texte porteur de "régressions sociales", l'intersyndicale appelle à poursuivre la mobilisation cette semaine "dans les secteurs professionnels et sur tout le territoire". Et ce, malgré une certaine lassitude de l'opinion publique, selon un sondage BVA pour iTélé et Orange publié dimanche, montrant que désormais, une majorité (54%) de Français désapprouve la poursuite des grèves et manifestations contre la loi Travail. Pour l'intersyndicale, c'est le gouvernement qui est "responsable de la situation de blocage", "par son silence et son mépris".

Et, avec la perspective de la manifestation nationale le 14 juin à Paris, à laquelle plusieurs organisations de taxis appellent à participer, les mouvements "s'étendent", dit-elle. Après le pétrole, les ports et docks, l'énergie, ils ont gagné le secteur des déchets, avec le blocage depuis lundi dernier du plus gros centre de traitement et incinérateur d'Ile-de-France, celui d'Ivry-Paris 13, et d'autres actions en régions.

Énergie et transports

Côté pétrole, si l'approvisionnement des stations-service en carburant s'est amélioré, plusieurs raffineries restent à l'arrêt. Total a annoncé vendredi vouloir lancer le redémarrage à Grandpuits (Seine-et-Marne) et Donges (Loire-Atlantique) après des votes de salariés, mais le processus prendra quelques jours.

Quant au secteur de l'énergie, ses salariés sont appelés à une nouvelle journée de grève et d'"intervention sur l'outil de travail" jeudi. La semaine dernière, leur action s'était traduite notamment par une coupure d'électricité géante dans la région de Saint-Nazaire. 

Grève à Air France à partir du 11 juin

Enfin, dans les transports parisiens, SUD devrait rejoindre vendredi la grève illimitée à la RATP lancée par la CGT jeudi dernier. Un mouvement qui pour l'instant ne perturbe que légèrement le tronçon Sud du RER B, selon la régie des transports.

Mais une nouvelle menace s'est ajoutée à cette liste: celle d'une grève dans les airs, malgré le déminage par le gouvernement d'un conflit des contrôleurs aériens. Tous les syndicats de pilotes d'Air France appellent à la grève du 11 au 14 juin inclus pour défendre l'emploi et protester contre une modification de règles de rémunération. Un mouvement jugé là encore "incompréhensible" par le secrétaire d'État Alain Vidalies. Des négociations avec la direction débutent lundi.

J. H. avec AFP