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Finances publiques

Les hôpitaux publics payent trop cher leur matériel médical

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INFOGRAPHIE - Les hôpitaux publics n’achètent pas efficacement leur matériel médical. La Cour des comptes relève d’importants écarts de prix entre les commandes des différents établissements de santé. Agnès Buzyn souhaite mutualiser les achats des hôpitaux pour obtenir de meilleurs tarifs.

Dans une interview au Journal du dimanche, la ministre de la Santé Agnès Buzyn détaille son plan pour traquer les dépenses inutiles à l’hôpital. Elle souhaite "économiser un milliard d'euros en mutualisant certaines dépenses, comme les achats de médicaments".

Les dernières recommandations de la Cour des comptes vont dans ce sens. Les achats des établissements publics de santé représentent près de 25 milliards d’euros de dépenses pour la Sécurité Sociale, dont les trois quarts en fonctionnement (18,7 milliards d’euros, en augmentation de 52% en 10 ans). Gants, pansements, pilules et autres objets consommés quotidiennement par les médecins pèsent lourd dans le budget de la santé. Des économies sont pourtant possibles.

D'importants écarts de prix entre hôpitaux

Selon la Cour des Comptes, les hôpitaux pourraient obtenir de meilleurs prix auprès de leurs fournisseurs en regroupant leurs achats récurrents. Pour arriver à cette conclusion, les Sages ont enquêté sur les prix négociés par 27 établissements de santé en 2015, pour des produits non substituables. Par exemple, 1000 abaisse-langues ont coûté 4,00 euros à un groupement de Moyenne Garonne contre 33,20 pour un hôpital du même territoire.

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Où en est la mutualisation?

Les achats groupés représentent seulement 22% des commandes passées par les hôpitaux, avec de fortes différences entre les établissements et les types de produits. Parmi les hôpitaux de l’échantillon, le CHI de Meulan les Mureaux mutualise 91% de ses achats, contre 14% pour le CHU de Amiens.

La Cour des comptes préconise de transférer la fonction achat des hôpitaux aux 135 nouveaux Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT), créés à la suite de la loi de modernisation du système de santé du 26 janvier 2016. L’adhésion au groupement de commande deviendrait alors obligatoire.

Une telle centralisation permettrait davantage de transparence dans le marché du médicament, jugé "peu lisible et mal connu". "Les différents acteurs publics ne disposent aujourd'hui que d'une vision parcellaire de la réalité de l'achat des médicaments par les établissements", affirme la Cour des Comptes. Ce manque d’informations est à l’avantage des laboratoires qui sont les seuls à avoir une vision globale des prix pratiqués. 

Emeline Gaube