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Finances publiques

Les impayés des Saoudiens auprès des hôpitaux de Paris

Les 3,7 millions d'impayés saoudiens auprès des hôpitaux de Paris sont à mettre en parallèle avec les 12 milliards d'euros de contrats signées entre Paris et Ryad en juin.

Les 3,7 millions d'impayés saoudiens auprès des hôpitaux de Paris sont à mettre en parallèle avec les 12 milliards d'euros de contrats signées entre Paris et Ryad en juin. - CHRISTOPHE ENA - AFP

La visite polémique du roi d'Arabie Saoudite a pris fin en donnant lieu à une nouvelle controverse liée à l'ardoise des saoudiens auprès des hôpitaux de Paris, qui s'élève à 3,7 millions d'euros.

Privatisation de la plage de Vallauris, femme policière affectée loin du lieu de baignade… Les polémiques ont entouré le séjour en France du roi d'Arabie saoudite. Et ce n'est visiblement pas terminé: cette fois, elle porte sur l'ardoise du roi du pétrole auprès des hôpitaux de Paris.

Le médecin Patrick Pelloux a lancé les hostilités lundi sur Twitter. "Avant de partir, le roi d'Arabie Saoudite pourrait payer ses factures de 3,7 millions d'euros aux hôpitaux de Paris. Un geste de politesse" s'est exclamé célèbre urgentiste. Un message retweeté plusieurs centaines de fois.

"Le souci n'est pas la privatisation de la plage, si Barack Obama était venu, on aurait privatisé la Méditerranée… Le vrai problème, c'est que de richissimes chefs d'Etat, des personnels d'ambassade viennent se faire soigner en France puis laissent leur ardoise derrière eux", s'indigne encore le praticien dans les colonnes du Parisien, qui s'est fait confirmer ce montant auprès de l'administration. Cette addition salée n'est pas à mettre au compte du roi seul, mais de ressortissants saoudiens, particuliers ou attachés d'ambassade, qui ont reçu des soins dans les hôpitaux français.

Pourquoi l'AP-HP, dont le budget est pourtant tendu, ne demande-t-elle pas à être remboursée? Une question de culture, à écouter Patrick Peilloux: "En France, nous n'avons pas l'habitude de réclamer", avance-t-il. D'autant qu'une telle démarche impliquerait de passer par le quai d'Orsay, et prendre le risque de se mettre à dos des partenaires commerciaux, éventuels acheteurs, par exemple, de quelques Rafale à Dassault…

Ryad n'est pas sur le podium des plus mauvais payeurs

Il faut en effet mettre ces 3,7 millions en parallèle avec les 12 milliards de dollars de contrats signés entre Ryad et Paris en juin dernier, qui prévoient notamment la livraison de 23 hélicoptères d'Airbus aux Saoudiens, et d'une cinquantaine d'avions. Les deux capitales entretiennent en outre des discussions pour construire deux EPR en Arabie Saoudite. De quoi redonner une bouffée d'air à Areva, aux abois financièrement.

Mais le Parisien rappelle que le problème est plus vaste: la note en suspens des pays étrangers auprès des hôpitaux français s'élevait à près de 120 millions d'euros fin 2014. Et Ryad est loin d'être le plus mauvais payeur: l'Algérie, dont le président Abdelaziz Bouteflika serait régulièrement soigné à Paris, la devance largement (31,6 millions), ainsi que le Maroc (11 millions). Sur la troisième marche, les Etats-Unis, avec 5,7 millions d'impayés, puis la Belgique (4,9 millions).

Des créances qui ne devraient plus s'alourdir davantage: l'AP-HP compte "revoir les conventions de dispense d'avance des frais avec certains pays et exiger des prépaiements", indique le Parisien.

N.G.