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Finances publiques

Les minima sociaux coûtent-ils si cher à l'État?

Selon Emmanuel Macron, l'État dépenserait "un pognon dingue dans les minima sociaux" sans pour autant résoudre la pauvreté.

La déclaration n’est pas passée inaperçue. Dans une vidéo postée sur Twitter par sa directrice de communication Sibeth Ndiaye, Emmanuel Macron a affirmé que la France dépensait "un pognon de dingue dans les minima sociaux et les gens ne s’en sortent pas". "Je vais faire un constat qui est de dire: on met trop de pognon, on déresponsabilise et on est dans le curatif", a ajouté le chef de l’État à la veille de son discours devant la Mutualité pour préciser le cadre de sa politique sociale.

Dans les faits, le versement des minima sociaux, qui visent à assurer un revenu minimal à une personne en situation de précarité, représentent effectivement une part non négligeable des dépenses sociales de l’État. D’après les derniers chiffres fournis par une étude de la Drees, les dépenses d’allocations des minima sociaux atteignaient 25,6 milliards d’euros en 2015, soit 3,6% du montant des prestations de protection sociale et 1,2% du PIB français.

Le RSA, premier poste de dépenses

Entre 2009 et 2015, ces allocations dont bénéficient environ 4,1 millions de personnes en France ont même augmenté de 4,3% en moyenne par an en raison de la hausse de 2,9% des bénéficiaires et des plans de revalorisations des différents minima sociaux.

Dans le détail, c’est le RSA (revenu de solidarité active) et ses 1,9 million de bénéficiaires qui concentrent les dépenses les plus importantes (10,9 milliards d’euros par an), devant l’allocation adultes handicapés (8,8 milliards), l’allocation de solidarité spécifique (2,7 milliards), le minimum vieillesse (2,5 milliards), l’allocation supplémentaire d’invalidité (225 millions), l’allocation temporaire d’attente (218 millions), l’allocation transitoire de solidarité et l’allocation équivalent retraite (103 millions) et le revenu de solidarité outre-mer (59 millions) ainsi que l’allocation de veuvage (59 millions).

Une facture de solidarité sociale élevée

La note peut s’avérer encore plus salée pour l’État si l’on prend en compte la facture de solidarité sociale dans son ensemble. Ainsi, aux 25 milliards que coûtent les minima sociaux peuvent être ajoutés les différentes prestations sociales tels les APL (18 milliards d’euros par an), la prime d'activité (5 milliards d'euros) ou les allocations familiales avec les éléments pour la petite enfance (18 milliards).

En 2016, la France a versé un total de 714 milliards d’euros de prestations de protection sociale, soit 32% de son PIB. L’Hexagone pèse par ailleurs à lui seul 15% des transferts sociaux de la planète.

Contenir les inégalités

Toujours est-il que, selon Emmanuel Macron, les dépenses sociales élevées engagées par l’État ne contribuent pas à ce que leurs bénéficiaires "s’en sortent". C’est en partie vrai. En effet, malgré les dépenses élevées de protection sociale, la France compte plus de huit millions de pauvres et demeure l’un des mauvais élèves en matière d’emploi en Europe avec un taux de chômage de plus de 9% et 1,8 million de jeunes qui n’ont ni travail, ni diplôme, ni formation.

Il est néanmoins nécessaire de nuancer ce constat. Car si les transferts sociaux ne permettent pas forcément aux allocataires de s'en sortir, ils ne sont pas pour autant inutiles. D’après les chiffres de l’Insee, les minima sociaux et leurs revalorisations au cours des années atténuent le taux de pauvreté et évitent mécaniquement de creuser inégalités. Dans son dernier rapport, l’institut de la statistique, observait un taux de pauvreté de 14,2% en 2015 et prévoyait une baisse de 0,3% en 2016 ainsi qu’une légère réduction des inégalités (-0,002 sur l’indice de Gini).

P.L