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Finances publiques

Les pensionnaires de la Villa Médicis à Rome sont-ils trop bien traités?

Le montant moyen annuel de la bourse par pensionnaire est passé d’environ 56 000 euros par an en 2005 à près de 73 000 euros en 2014, soit une augmentation de plus de 30 % en neuf ans

Le montant moyen annuel de la bourse par pensionnaire est passé d’environ 56 000 euros par an en 2005 à près de 73 000 euros en 2014, soit une augmentation de plus de 30 % en neuf ans - Gabriel Bouys-AFP

Un rapport du Sénat dénonce la hausse et le niveau des bourses des pensionnaires de la Villa Médicis: 73.000 euros par an, par personne, en 2014 soit une hausse de 30% en 9 ans.

Les pensionnaires pour un an de la Villa Médicis à Rome sont très bien traités par la République française. Si la gestion budgétaire de cet établissement artistique créé par Colbert en 1666, est "globalement satisfaisante", un rapport sénatorial "estime qu'il faut remettre à plat le mode de calcul des bourses versées aux pensionnaires". C'est en tous cas le voeu exprimé par le sénateur André Gattolin (groupe écologiste) lors de l’examen par la commission des finances du Sénat de son rapport sur l’Académie de France à Rome, plus connue sous le nom de Villa Médicis.

Chaque année, celle-ci accueille une sélection d'artistes et de chercheurs admis à résider à l'Académie de France pour 12 mois. Ils sont, certes, très peu d'élus (14 en 2015-2016) puisqu'ils sont sélectionnés par un véritable jury de concours. Mais, chaque bourse s'avère généreuse à l'aune de l'examen scrupuleux du bon usage des deniers publics. Ces heureux élus sont en effet défrayés et hébergés afin qu'ils puissent se consacrer à 100% à leurs travaux.

Le sénateur, rapporteur spécial du budget de la culture, a relevé la forte hausse des bourses des pensionnaires depuis le début des années 2000. Leur montant moyen annuel, par pensionnaire, est passé d’environ 56.000 euros par an en 2005 à près de 73.000 euros en 2014, soit une augmentation de plus de 30 % en neuf ans.

Le calcul des bourses est calé sur les traitements des fonctionnaires

"Cette évolution est liée au changement de profil des pensionnaires", a expliqué le sénateur : en effet, "la rémunération des pensionnaires est assimilée à celle d’un fonctionnaire et ils bénéficient donc d’avantages familiaux, en plus de leur traitement de base". "Il faut cesser de calculer les bourses par référence au droit de la fonction publique : après tout, les pensionnaires ne sont pas des fonctionnaires !", a commenté le sénateur André Gattolin. Pour y remédier, il propose de fixer le montant des bourses par arrêté : "il serait donc égal pour tous les pensionnaires, ce qui serait plus équitable et faciliterait la prévision budgétaire de l’établissement".

Pour faire évoluer la mission de l'établissement romain et mieux faire connaître les travaux des pensionnaires, le sénateur a aussi proposé de recréer un Prix de Rome. Il avait été supprimé par le ministre de la culture André Malraux en 1971. Ce prix serait attribué sur décision d’un jury international, et "participerait du rayonnement de la Villa Médicis" estime le sénateur. Enfin, l'élu a préconisé la tenue d’un rendez-vous régulier entre le public français et les pensionnaires des différentes résidences françaises d’artistes à l’étranger et en France.

Frédéric Bergé
https://twitter.com/BergeFrederic Frédéric Bergé Journaliste BFM Éco