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Les PME françaises sont inquiètes face aux enjeux climatiques mais peu d'entre elles réagissent

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Selon le 7e baromètre TPE/PME de Bpifrance et de Rexecode, près de la moitié des dirigeants anticipent déjà un impact modéré à fort sur le fonctionnement de leur entreprise d’ici 5 ans, avec le changement climatique.

Les dossiers à risques s'accumulent sur les bureaux des patrons de PME. L'un d'entre-eux devient de plus en plus prégnant: celui des conséquences du changement climatique et environnemental sur leur activité.

Une chose est sûre, la prise de conscience est réelle et le déni n'est plus à l'ordre du jour. Ainsi, 47% des dirigeants pensent que ces modifications affecteront moyennement à fortement le fonctionnement de leur entreprise d’ici cinq ans, selon le 7e baromètre* TPE/PME de Bpifrance et de Rexecode publié ce mercredi.

Ils anticipent un impact globalement négatif sur les coûts financiers mais dans le même positif sur l’attractivité de leur entreprise et neutre sur le chiffre d’affaires. À l’inverse, 45 % des dirigeants anticipent un impact faible à nul et 8 % ne se prononcent pas sur cet impact.

Comme dans la sécurité informatique, si la prise de conscience est forte, les mesures proactives sont encore parcellaires. Ainsi, 64% des dirigeants de PME n’ont pas mis en place d’action ou de stratégie pour s’adapter à ces changements. Le manque de temps est la principale raison avancée, citée par 36% des PME, et le manque d’intérêt ou de connaissances sur le sujet arrive en 3e position (27%). Le second motif mis en avant apparaît plus indépendant de la volonté du chef d’entreprise ; il s’agit de l’absence d’alternative technologique (31%).

36% des dirigeants ont mis en place des actions pour s’adapter

À l’inverse, 36% des dirigeants ont mis en place des actions pour s’adapter à ces changements. Cette proportion monte à 71% chez les PME anticipant un impact fort de ces changements sur leur entreprise.

La gestion des déchets est le principal aspect sur lequel portent les actions d’adaptation des PME aux enjeux du changement climatique et de l’environnement (63%).

La moitié des PME ont opéré des changements de technologie et/ou d’organisation de leur production pour répondre à ces enjeux, et une proportion similaire de PME ont adapté leur offre de produits ou services pour mieux prendre en compte la dimension environnementale.

Les dirigeants qui ont mis en place de telles actions l’ont fait en premier lieu par sensibilité personnelle (68%) mais aussi par volonté de valoriser l’image de leur entreprise (61%). 36% d’entre eux ont rencontré des obstacles lors de la mise en œuvre de ces actions, au premier rang desquels figurent le manque de temps (pour 44% d’entre eux), l’évolution de la réglementation ou les incertitudes sur son évolution future (37%) et le manque de moyens financiers (36%).

Difficultés à recruter: encore et toujours

Du côté des thématiques plus classiques qui rythment la vie des PME, le baromètre se penche sur la trésorerie et les délais de paiement. "La trésorerie des PME a peu évolué au cours des 3 derniers mois et reste à un niveau relativement confortable. Les PME sont aussi nombreuses à déclarer une amélioration de leur trésorerie qu’une dégradation au cours des 3 derniers mois, et seules 27% d’entre elles jugent leur situation de trésorerie difficile (contre 30% au 3e trimestre). Elle est cependant attendue en dégradation au cours des prochains mois, ce qui peut s’expliquer en partie par le contrecoup attendu après l’apport ponctuel de trésorerie généré en 2019 par la transformation du CICE (Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, NDLR) en allègement pérenne de cotisations sociales. Les délais de paiement clients se sont légèrement réduits ce trimestre tandis que ceux relatifs aux fournisseurs se sont marginalement allongés", peut-on lire.

Du côté de l'investissement, il serait moins dynamique en 2019 selon les anticipations des dirigeants de PME, dans un contexte où les perspectives d’activité sont un peu moins allantes. "La part des PME qui ont investi ou envisagent de le faire cette année s’affiche en légère baisse (53% contre 56% il y a un an pour l’année 2018). En outre, le montant des dépenses d’investissement devrait un peu ralentir (-2 pts sur un an pour le solde d’opinion sur l’évolution de ces dépenses). Les besoins de renouvellement et/ou de modernisation des équipements constituent toujours le principal motif de ces dépenses. Le motif d’extension de capacités recule".

Enfin, sur l'activité en tant que telle, les patrons de PME soulignent une fois encore leurs difficultés à recruter. "Elles demeurent, de loin, le principal frein à la croissance des PME mais reculent toutefois par rapport au trimestre précédent (citées par 53% des PME contre 59% au 3e trimestre). À l’inverse, les contraintes de demande sont un peu plus pesantes ce trimestre. Les perspectives de demande dégradées sont un frein pour 31% des PME (contre 26% il y a 3 mois)".

*1.373 de dirigeants de PME des secteurs marchands non agricoles, de 1 à 249 salariés et réalisant moins de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires, ont été interrogés en ligne du 28 octobre au 6 novembre 2019. "L’analyse porte sur les 455 premières réponses jugées complètes et fiables reçues", précise le baromètre. 

Olivier Chicheportiche