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Finances publiques

Le gouvernement veut geler le taux du livret A à 0,75%

Le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, a présenté mardi soir cet engagement de façon positive mais, compte tenu du niveau de l'inflation, les épargnants n'ont aucune raison de s'en réjouir.

Le gouvernement envisage de "garantir le maintien" du taux du livret A à son taux actuel de 0,75% pendant un ou deux ans, car "logiquement il devrait être plus bas". Le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner a, mardi soir sur C News, choisi de présenter le projet de gel du taux du livret A d'une curieuse façon. Alors que, selon l'Insee, en août, l'inflation sur douze mois a encore progressé pour atteindre 0,9%, le projet de l'exécutif n'offre qu'une garantie aux épargnants: celui de voir leur bas de laine rogné par la hausse des prix.

En juillet dernier, si l'on s'en était tenu à la formule permettant de faire évoluer le taux du livret A, la Banque de France aurait dû proposer de le passer de 0,75% à 1%. Mais son gouverneur, François Villeroy de Galhau, avait choisi de s'écarter de cette formule, ce qu'il est en droit de faire. Il avait alors proposé au ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, de rester sur une rémunération de 0,75% "dans une optique de stabilité". Et ce dernier avait indiqué qu'il acceptait sa proposition. Non sans arrières-pensées. L'absence d'imposition des intérêts du livret A a, en effet, un coût pour les finances publiques (272 millions d'euros dans le projet de loi de finances pour 2017). Plus la rémunération du produit d'épargne préféré des Français croît, plus son coût pour l'État augmente.

250 millions d'euros d'intérêts supplémentaires

En fait, si le gouvernement souhaite maintenir le taux du livret A à 0,75%, c'est aussi et surtout pour compenser l'effort qu'il entend imposer aux bailleurs sociaux, à savoir une baisse des loyers compensant à l'euro près la réduction du montant des APL dont bénéficient les locataires logés en HLM. Ce qu'a d'ailleurs reconnu mercredi matin, le Premier ministre invité de France 2. Stabiliser le niveau de rémunération du Livret A "nous permet de mobiliser des financements" pour les organismes de logement social "et donc de baisser les loyers" pour ce type de logements" a expliqué Édouard Philippe.

L'essentiel de l'épargne placée sur le livret A sert effectivement à financer la construction des logements sociaux. Selon les calculs réalisés l'an passé par l'Union social pour l'Habitat, une différence de 0,25% lui coûterait 250 millions d'euros d'intérêts supplémentaires par an. Maintenir le taux du livret A à 0,75% donne donc effectivement une vraie marge de manoeuvre aux bailleurs sociaux pour baisser les loyers. Sur le dos des épargnants.

Ce geste ne semble en tout cas pas avoir suffi pour calmer la gronde des bailleurs sociaux. L'Union sociale pour l'habitat, qui regroupe les offices HLM, a ainsi publié un communiqué cet après-midi dans lequel elle a affirme vouloir être reçu "sans délai" par le président de la République, dénonçant "une attaque sans précédent" sur le logement social.

P.K. et J.M.