BFM Business
Finances publiques

Livret A: son taux peut-il descendre à 1%?

Actuellement le taux du livret A est de 1,25%.

Actuellement le taux du livret A est de 1,25%. - -

Manuel Valls n'a pas écarté, ce lundi 26 mai, une baisse du taux du placement préféré des Français. Mais cette décision liée à l'inflation très faible serait politiquement difficile à expliquer alors que l'exécutif veut favoriser les catégories modestes.

C'est une question qui revient tous les six mois: le gouvernement va-t-il décider de modifier la rémunération du livret A? Lundi 26 mai, le Premier ministre Manuel Valls a laissé la porte ouverte alors que la décision ne doit pourtant pas survenir avant plusieurs semaines. "Nous verrons, je ne commente pas les informations, les rumeurs", a-t-il répondu, interrogé par RTL sur ce sujet. "Nous avons encore quelques jours pour prendre un certain nombre de décisions", a-t-il ajouté.

Cette décision ne serait pas sans risque. Baisser la rémunération du produit d'épargne préféré des Français serait perçu comme un signe négatif pour le pouvoir d'achat, notamment après les déconvenues électorales aux Municipales et aux Européennes. De plus, elle brouillerait le message envoyé aux Français alors que, dans le même temps, Manuel Valls a annoncé de nouvelles baisses d'impôts pour les classes modestes et moyennes qui tiennent tout particulièrement à leur livret.

En revanche, cette mesure serait cohérente avec la volonté de financer de l'économie. Une source à Bercy citée par le JDD du 25 mai indique ainsi que l'exécutif veut "orienter l'épargne vers les entreprises". Arnaud Montebourg lui-même, avait le 20 mai dernier indiquer "vouloir plus de capitaux français" dans le CAC40. Or l'essentiel de la collecte du livret A a pour but principal de financer le logement social.

Basée sur l'inflation hors tabac

Le gouvernement pourrait donc pencher pour une baisse, même si théoriquement, le premier à avoir la main est le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer.

En effet, le calcul de livret A est basé sur une formule stricte. La Banque de France se cale ainsi sur l'inflation hors tabac majorée de 0,25%. Le gouverneur peut choisir de respecter cette formule ou proposer au ministre de l'Economie d'en dévier. Dans ce dernier cas de figure, le gouverneur présente sa recommandation à Bercy et le gouvernement tranche.

Exemple: lors de la dernière révision du taux du livret A, l'inflation hors tabac avait atteint 0,6%. Le taux aurait ainsi dû passer, selon la formule, de 1,25% à 0,75%. Mais Christian Noyer avait décidé, pour préserver le pouvoir d'achat des épargnants, de déroger à la formule, et avait proposé à Bercy un taux de 1%. Pas suffisant pour Pierre Moscovici qui avait, lui, décidé de maintenir le taux à 1,25% au 1er février.

Les données de l'équation n'ont pas tellement changé. L'inflation hors tabac est sensiblement la même qu'en décembre dernier (0,6% au mois d'avril). A supposé que l'inflation reste encore à ce niveau en juin, la formule donnerait donc exactement le même résultat lors de la prochaine fixation du taux, le 1er août prochain et dont la décision devrait être connue autour du 15 juillet.

Julien Marion