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Logement neuf : Le secteur du bâtiment lance un nouvel avertissement

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- - Philippe Huguen - AFP

Le bâtiment se prépare à entrer dans une période de turbulence. Après de premiers signaux d'alerte ces derniers mois, la Fédération Française du Bâtiment (FFB) a publié ce mardi ses premiers chiffres d'activité pour l'année 2019. Activité qui n'est désormais plus, ou presque plus, alimentée par les projets immobiliers lancés à la fin du précédent mandat présidentiel.

C'est un nouvel avertissement que lance le secteur du bâtiment. Jusqu'à présent il bénéficiait encore des prises de commandes de 2016 et 2017, deux années extrêmement dynamiques qui ont permis d'amortir l'impact des décisions prises par le gouvernement. C'est désormais terminé. Plus que quelques mois de visibilité nous dit la Fédération Française du Bâtiment. Seulement trois (3,8) si on regarde les carnets de commandes des artisans. Le deuxième semestre 2019 s'annonce donc incertain pour ne pas dire compliqué...

Le frein des réformes

Le secteur ne pourra plus compter que sur les réformes engagées par le gouvernement comme le rabotage du Prêt à Taux Zéro (PTZ) et celui du crédit d'impôt transition énergétique (CITE). Et puis il y a la commande publique, celle des maires. La Fédération redoute là aussi un affaiblissement comme c'est traditionnellement le cas à l'approche d'élections municipales. Cette année, nous disent les professionnels du bâtiment, devrait donc bel et bien marquer un recul de l'activité, certes limité (-0,5%), mais le premier depuis 2015.

La production HLM en berne

L'autre incertitude qui pèse sur le secteur reste la production HLM. La réforme engagée lors du projet de loi de finances de 2018 a largement entamé la capacité d'investissement des bailleurs sociaux et c'est toute la chaîne de production qui est menacée. On est déjà passé d'une production d'environ 120.000 logements sociaux par an en 2016 et 2017 à à peine plus de 100.000 l'an dernier. Et cette baisse pourrait s'amplifier rapidement.

Une récente étude d'impact de la banque des territoires estime qu'on pourrait descendre à une production annuelle oscillant autour de 60.000 logements sociaux. Un risque tel que les bailleurs sociaux et le gouvernement se sont mis d'accord sur une clause de revoyure. L'occasion pour le monde HLM de rouvrir les négociations et d'essayer d'alléger un peu la facture. Entre la baisse imposée des loyers qu'ils perçoivent et l'augmentation de leur TVA, elle doit passer progressivement d'1,5 milliard d'euros à plus de 2 milliards en 2020. Intenable selon les représentants des bailleurs sociaux qui seront d'ailleurs reçus ce jeudi à Matignon.

Marie COEURDEROY