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Finances publiques

Pour Macron, mieux vaut taxer plus les successions que garder l'ISF

L'ISF concerne 300.000 contribuables

L'ISF concerne 300.000 contribuables - Damine Meyer-AFP

"Dans une interview à la revue de la Fédération française des sociétés d’assurance, Emmanuel Macron prône la suppression de l’impôt sur la fortune compensée par une hausse de la fiscalité sur les successions. Pour Manuel Valls supprimer l’ISF serait "une faute"."

On attendait depuis longtemps une sortie d’Emmanuel Macron sur l’ISF. C’est vrai qu’après les 35 heures, le statut à vie des fonctionnaires, le système d’indemnisation du chômage, il ne restait plus guère au ministre de l’Economie que l’impôt sur la fortune pour cultiver sa différence avec la "vieille gauche".

Fiscalité pas optimale

Certes, le fondateur d'"En Marche"’l'a fait d’une façon détournée puisqu’il a déclaré à la revue de Fédération française des sociétés d’assurances, Risques: "je pense que la fiscalité actuelle sur le capital n’est pas optimale".

A priori, ce n’est pas violent. Il n'empêche. Ce matin sur France Info, Manuel Valls a sèchement répondu à son ministre de l'Economie: "ce n’est pas au moment où le gouvernement met en place une réforme des minima sociaux, ou il réfléchit sur les jeunes et où les Français ont le sentiment que les inégalités sont très fortes qu’il faut supprimer l’ISF". Et il a une nouvelle fois demandé à son ministre davantage de solidarité gouvernementale. 

Marqueur pour 2017

En vieux briscard de la vie politique, Valls sait surtout que l’impôt sur la fortune sera l’un des vrais sujets d’affrontement entre droite et gauche lors de la prochaine présidentielle même s'il ne concerne que 330.000 contribuables et rapporte moins de 6 milliards d'euros sur 300 milliards de rentrées fiscales totales.

Face aux candidats Républicains à la primaire qui mettent presque tous la suppression de l’ISF en bonne place dans leur programme, le futur candidat socialiste aura en effet beau jeu de défendre le bien-fondé d'un impôt dit de solidarité à la charge des plus fortunés. 

Alourdir les droits de succession

Mais Emmanuel Macron ne propose pas que de supprimer l’ISF. C'est là qu’il se différencie de beaucoup de leaders de droite. Car il ne se contente pas de dire à mi-mot que l’ISF est un impôt idiot qui doit disparaître. Il ajoute: "si on a une préférence pour le risque face à la rente, ce qui est mon cas, il faut préférer la taxation sur la succession aux impôts de type ISF".

En clair, il propose d’alourdir les droits de succession, ce qui ne plaira pas forcement à tous les contribuables aisés. Et surtout, c’est exactement l’inverse de ce qui se passe en France depuis des années, y compris sous Nicolas Sarkozy qui avait allégé ces mêmes droits.

Exit l'exit taxe? 

Toujours dans la même interview à la revue Risques, Emmanuel Macron tacle aussi la mis en place par le gouvernement Fillon d'une "exit taxe" destinées à taxer les patrimoines des contribuables choisissant de quitter la France.

Cette taxe qui a été alourdie sous le quinquennat Hollande "conduit maintenant les jeunes à créer leur entreprise à l'étranger dès l'origine", estime le ministre de l'Economie qui, depuis sa nomination, s'est fait le défenseur des jeunes créateurs d'entreprise. "Un drame", ajoute-il. D'autant que l'exit taxe rapporte péniblement 60 millions par an. Une goutte d'eau pour des conséquences incalculables.

P.C