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Malgré un marché de l'emploi très favorable, les cadres ont le blues

Les cadres franciliens sont les mieux nantis : 54% ont été augmentés l'année dernière, soit 6 points de plus que les cadres des autres régions.

Les cadres franciliens sont les mieux nantis : 54% ont été augmentés l'année dernière, soit 6 points de plus que les cadres des autres régions. - Rawpixel

Pas assez rémunérés, charge de travail en hausse et cible principales des réformes (assurance chômage, retraite), les cadres ne se font plus d'illusions.

Les cadres sont en plein malaise, malgré un marché du travail très favorable et des rémunérations moyennes en hausse (+10% dans les 4 dernières années).

Ainsi, selon un sondage réalisé par Viavoice à la demande de l'Ugict-CGT, réalisé auprès de 1.000 cadres des secteurs privé et public, 56% jugent le niveau de leur rémunération "en inadéquation" par rapport à leur "implication" et 45% par rapport à leurs "responsabilités". 56% la jugent aussi inadéquate par rapport au temps de travail effectué réellement et 48% par rapport à leurs qualifications. 

Sur chacun de ces critères, les femmes affichent "un degré d'insatisfaction supérieur de 2 à 10 points supplémentaires par rapport aux hommes", selon Marie-José Kotlicki, co-secrétaire générale de l'Ugict-CGT (ingénieurs et cadres) et pilote CGT de la négociation sur le statut de l'encadrement.

"Tous les clignotants sont au rouge" aussi concernant les conditions de travail: 72% des cadres estiment ainsi ne pas être associés aux choix de transformation et aux réformes au sein des entreprises ou administrations. 53% d'entre eux considèrent que leur éthique "entre en contradiction" avec les pratiques et les choix de leurs employeurs. 

"Tous les clignotants sont au rouge"

Dans le même temps, 65% estiment que leur charge de travail a augmenté par rapport à 2018 et 54% que leur temps de travail effectif est en hausse d'une année sur l'autre. Près de 50% des cadres travaillent plus de 45 heures hebdomadaires, 23% plus de 49 heures hebdomadaires. 59% travaillent pendant leurs jours de repos, 75% utilisent les nouvelles technologies sur le temps personnel et 66% aspirent à un équilibre vie privée/vie professionnelle, selon ce sondage.

Ces évolutions ne sont "pas sans conséquence sur leurs aspirations" dont celle à "un droit de refus et d'alerte", portée par l'Ugict-CGT. 63% des cadres (+4 points par rapport à 2018) veulent ainsi pouvoir "refuser de mettre en oeuvre une directive contraire à leur éthique et faire des propositions alternatives sans sanction". 60% des cadres souhaitent aussi disposer d'un droit effectif à la déconnexion (+ 3 points par rapport à 2018).

Des réformes critiquées

L'action du gouvernement est également sévèrement jugée alors que les cadres étaient au coeur de l'électorat portant Emmanuel Macron à la présidence de la République. En cause, les nombreuses réformes qui vont les concerner très prochainement, qu'il s'agisse de retraite ou d'assurance chômage. 73% d'entre eux estiment qu'"il n'y aura pas de maintien de leurs droits à retraite", un "record", selon Marie-José Kotlicki,

En matière d'assurance chômage, ces cadres jugent aussi qu'il n'y aura "pas de maintien de leurs droits" à 54% et à 59% que la reconnaissance salariale et le déroulement de leur carrière "ne seront plus effectives", alors que des renégociations des conventions collectives et interprofessionnelles sur l'encadrement sont en cours.

Les cadres de la fonction publique affichent globalement les mêmes priorités et perceptions que ceux du privé mais les pourcentages sont plus importants sur l'insatisfaction globale avec des écarts allant de 18 à 25 points sur certains sujets comme la reconnaissance de leurs qualifications (65% contre 48%), la rémunération inadéquate par rapport à leurs responsabilités (56%), 68% estimant que la charge et le temps de travail "ont explosé".

OC avec AFP