BFM Business
Economie et Social

Même s'ils sont favorables à une réforme des retraites, les deux tiers des Français jugent la grève justifiée

Dans son dernier baromètre de l'économie, l'institut de sondage Odoxa revient sur les inquiétudes des Français autour du système des retraites. Une majorité des sondés pensent qu'il faut tendre vers un alignement des régimes de retraites et donc vers la fin des régimes spéciaux.

Après avoir souligné le mois dernier le décalage de perception des Français quant à l'efficacité de la politique économique d'Emmanuel Macron et leur vision détaillée des mesures prises par ce dernier, l'institut de sondage Odoxa a, cette fois, décidé de mettre en exergue les inquiétudes des Français sur l'avenir du système de retraite.

Dans son baromètre économique de décembre 2019 réalisé pour le compte de BFM Business, Aviva et Challenges, l'institut d'études explique que "la retraite à 60 ans reste, dans 51% des cas, l'âge rêvé pour un départ". Et ce, bien qu'une majorité de Français (63% d'entre eux) soient conscients que l'âge moyen de départ se révèle, in fine, bien plus proche de l'âge de 65 ans.

"Il existe en effet un hiatus énorme entre l’âge souhaité de départ à la retraite et l’âge pronostiqué par les Français. Ainsi, ils prévoient, en moyenne, de partir à 66 ans alors qu’ils rêveraient de partir à 60 ans", indique le baromètre.

Autre prise de conscience, les Français ont aujourd'hui également largement appréhendé le fait que leur pension se révélera, une fois à la retraite, "nettement inférieure à leur dernière rémunération", poursuit Odoxa.

Nouvelles habitudes d'épargne

Des incertitudes qui les poussent à modifier leur vision des choses et à opérer de nouveaux arbitrages. Tel que le détaille Odoxa, l'angoisse liée à la retraite a pour conséquence de faire évoluer les habitudes d'épargne des Français. Parmi l'ensemble des personnes interrogées, 21% d'entre elles - pour anticiper cette perte de revenus - commencent à se renseigner ou ont déjà souscrit à un PER. Sur ce point, les cadres affichent un taux "spectaculaire", avec un ratio qui grimpe à 42%.

Mais les doutes liés à la retraite ont également pour conséquence de faire évoluer leur perception liée aux mouvements sociaux. C'est notamment le cas de la grève du 5 décembre prochain que 66% des Français considèrent comme justifiée.

Comme Emmanuel Macron, "les deux tiers (66%) des Français sont favorables à un alignement des régimes de retraites et donc à la fin des régimes spéciaux de retraites de la fonction publique", tempère Odoxa. "Mais, malheureusement pour lui, les deux tiers des Français jugent en même temps que cette mobilisation est avant tout faite 'contre la réforme de l’ensemble du système des retraites' et n’est pas une mobilisation portant spécifiquement contre la fin des régimes spéciaux de retraite".

Des Français très critiques vis-à-vis du capitalisme

Dernier enseignement de cette étude, les Français ont – dans leur grande majorité – une très mauvaise image du capitalisme. Ils sont, en effet, deux sur trois (64%) à disposer d'une "mauvaise opinion globale" sur un système qui, pour 81% d'entre eux, "favorise la préservation des rentes/des fortunes des gens déjà riches".

Ils sont, de fait, plus des trois quarts (77%) à estimer que ce système provoque "une montée des inégalités" et qu'il se révèle, à ce titre, "nuisible pour l'environnement".

Pour autant, il existe, sur cette question, un véritable clivage de perceptions puisque, "selon les convictions politiques, 72% des sympathisants LaREM et 65% des sympathisants LR ont une bonne opinion du capitalisme alors que 67% des socialistes, 72% des RN et 81% des Insoumis en ont une mauvaise opinion".

Un clivage que l'on retrouve également du côté des cadres, des jeunes et des urbains dont la vision à ce propos se révèle nettement moins critique. 57% des cadres et 43% des 25-34 ans disposent d'une bonne opinion du capitalisme.

JCH