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Michel Combes : pour les syndicats, 7 millions d’euros c’est encore trop 

La CFDT, syndicat majoritaire chez Alcatel-Lucent, estime que la somme, reste "injustifiée et disproportionnée".

La CFDT, syndicat majoritaire chez Alcatel-Lucent, estime que la somme, reste "injustifiée et disproportionnée". - Jacques Demarthon - AFP

La réduction de la prime de départ de Michel Combes a été divisée par deux mais, ce n’est qu’un "premier pas" pour les syndicats qui estiment que l’ex-dirigeant d’Alcatel n’a fait que "la moitié du chemin".

"Encore un petit effort, Monsieur Combes". C’est le message adressé par les syndicats et les politiques, Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, en tête, après l’annonce ce vendredi 11 septembre d’une réduction de près de moitié des primes versées par Alcatel-Lucent à son ex-patron parti diriger l'opérateur Numericable-SFR. Au lieu des 14 millions d’euros prévus, Michel Combes ne touchera que 7 millions.

La réaction n’a pas tardé. Alors que Manuel Valls, Premier ministre, se "fécilitait que le système se soit ainsi régulé", le porte-parole du gouvernement considère que si "50% du chemin a été fait", il reste "certainement encore à ajuster ces sommes" et à consentir à "un nouvel effort".

La CFDT et la CFE-CGC jugent le geste "très insuffisant"

Côté syndicat, la réaction est plus abrupte. Interrogés par l'AFP, Hervé Lassale, délégué CFDT, syndicat majoritaire chez Alcatel-Lucent, estime que la somme, même réduite de moitié est "quand même injustifiée et disproportionnée".

Même réaction pour la CFE-CGC, deuxième syndicat du groupe, qui considère que le geste de Michel Combes est "très insuffisant compte tenu [de son] bilan social Combes et de son départ prématuré" chez Numericable-SFR.

En modifiant les conditions de rémunération de son dirigeant, Alcatel-Lucent pensait pourtant avoir éteint la polémique. Le groupe avait répondu favorablement aux remarques du Haut comité de gouvernance des entreprises (HCGE) saisi par le Medef et l'Association française des entreprises privées (Afep), ainsi qu’à l'Autorité des marchés financiers (AMF).

Le HCGE a déclaré vendredi soir "prendre acte des modifications substantielles apportées par le conseil d'administration d'Alcatel-Lucent à la suite de ses recommandations". "Ces modifications rétablissent la conformité au code Afep-Medef", indique le Comité dans un communiqué. L'Afep et le Medef ont noté "que Alcatel-Lucent avait) tenu compte de l'avis" du HCGE, se félicitant que "que l'autorégulation mise en place dans le cadre du code Afep-Medef fonctionne avec efficacité et performance".

La pertinence de la clause de non-concurrence

L'ex-directeur général du groupe percevra finalement un maximum de 4,8 millions d'euros qui correspondent à sa "rémunération variable pluriannuelle", et ce dans le cas unique de la "réussite de l'opération de rapprochement avec Nokia". Cette rémunération inclut les stock-options prévues dans son contrat, pour un montant maximum ramené à 184.000 euros, a-t-on précisé à l'AFP chez Alcatel-Lucent.

Par ailleurs, M. Combes recevra 3,1 millions d'euros au titre de sa clause de non-concurrence, un montant revu à la baisse, "dans la moyenne de ce qui se pratique en France", précise le groupe, et pour une durée portée désormais à 40 mois, au lieu de 36.

Mais la pertinence de cette clause avait été remise en question par le cabinet spécialisé dans la gouvernance d'entreprises Proxinvest qui estimait qu'il y avait "eu modification des conditions qu'on met à la charge des actionnaires", le poussant, entre autres raisons à saisir l'AMF le 1er septembre.

Le régulateur boursier avait par ailleurs annoncé vouloir examiner de possibles "irrégularités", en particulier concernant des informations données à la presse ces derniers mois sur la rémunération de M. Combes, et quant à la clause de non-concurrence.

Pascal Samama, avec AFP