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Michel Sapin: "il faut plus de souplesse sur le travail du dimanche"

Michel Sapin était l'invité d'Apolline de Malherbe dans BFM Politique ce dimanche 1er décembre 2013.

Michel Sapin était l'invité d'Apolline de Malherbe dans BFM Politique ce dimanche 1er décembre 2013. - -

Le ministre du Travail, était l'invité de BFM Business et BFMTV ce dimanche 1er décembre. Il y a notamment détaillé sa position sur la baisse du chômage, le travail du dimanche, la formation.

Michel Sapin était interrogé sur BFM Business et BFM TV ce dimanche 1er décembre, alors qu'une baisse du chômage a été annoncée la semaine dernière et que le rapport de Jean-Paul Bailly, l'ancien président de La Poste, sur le travail du dimanche sera rendu lundi. Le ministre du Travail est revenu sur ces sujets, sur les abus autour du travail détaché et sur la question de l'autorégulation patronale en matière de rémunération. Voici ses principales déclarations.

> Sur le chômage

"Ce qui s'est passé en octobre n'est pas tombé du ciel, c'est le fruit d'une politique", s'est félicité le ministre, qui récuse le terme de "pari" concernant l'objectif que s'est fixé le gouvernement de retourner la courbe du chômage.

Il reste toutefois prudent. "L'objectif premier, c'est l'inversion", et il est atteint, a-t-il reconnu. Mais "l'objectif fondamental, c'est l'inversion durable". Il y a certes eu "20.000 chômeurs de moins" au mois d'octobre, et "pour les jeunes, la courbe s'est inversée depuis le mois de mai", mais, rappelle Michel Sapin, "il y a toujours 3 millions de chômeurs".

"Il y aura des accidents, il y aura des mois où ça remontera", prévient-il. Mais ce premier pas est "un moment important qui montre que la politique peut avoir des résultats".

> Sur le travail du dimanche

La situation d'aujourd'hui est "un désordre absolu", considère le ministre, à la veille de la remise par Jean-Paul Bailly de son rapport sur le sujet. Il faut donc remettre de l'ordre, mais sans oublier que "le dimanche n'est pas un jour comme les autres". "Je suis contre la banalisation du dimanche, je suis contre la marchandisation de tout", assure Michel Sapin pour qui le travail dominical "ne crée pas forcément des emplois".

"Il faut de la souplesse, mais ordonnée", souligne Michel Sapin, en travaillant sur deux axes. Un premier territorial: "le problème ne se pose quasiment plus qu'en région parisienne", déclare le ministre pour qui "il faut laisser de la place au dialogue territorial, laisser les maires et les préfets discuter".

Deuxième axe: le dialogue social. Il n'est "pas normal que certains salariés soient payés double d'autres non, que certains aient le choix, et d'autres non", ajoute-t-il, appelant à ce qu'il y ait "des contreparties pour ceux qui veulent travailler ce jour-là".

> Sur le déficit de l'Unedic

Des négociations entre syndicats et patronat vont commencer en janvier sur les indemnisations chômage, à l'heure où le déficit de l'assurance chômage bat des records. Michel Sapin estime qu'il n'a pas à évoquer de solution avant que les partenaires sociaux ne se penchent sur le sujet étant donné que c'est eux qui gèrent l'assurance chômage, qu'ils en sont "les propriétaires et les gestionnaires", martèle le ministre.

Toutefois Michel Sapin indique que "ce n'est pas dans les périodes où il y a autant de gens indemnisés qu'il faut réduire drastiquement les indemnisations". Il faut donc selon lui accorder la "priorité aux formations, à la réinsertion des chômeurs, ce sera le meilleur moyen pour lutter contre le déficit de l'Unedic".

> Sur la formation professionnelle

Une négociation sur le financement de la formation professionnelle se tient actuellement entre partenaires sociaux. Michel Sapin estime en effet qu'elle doit être réformée. "Aujourd'hui, plus vous êtes blanc, homme, avec une situation professionnelle élevée, et plus vous avez de chances d'avoir une formation", souligne le ministre du Travail. Or il faut selon lui que "l'argent de la formation professionnelle aille vers ceux qui en ont le plus besoin".

> Sur la directive détachement

Cette règle européenne qui permet aux Européens de travailler dans un autre pays de l'Union au salaire minimum de ce pays, mais en suivant le code du travail de sa patrie d'origine est dans le collimateur du gouvernement.

Le ministre du travail rappelle d'ailleurs que "la France est le 3ème pays d'Europe en nombre de détachés qui travaillent pour une entreprise française en Europe, tout en conservant leurs avantages sociaux". "Mais l'élargissement à des pays où les salaires sont beaucoup plus faibles pose problème", reconnaît-il.

Dans le secteur du bâtiment notamment, le recours à "des Bulgares, des Hongrois, des Polonais, surexploités, sans respecter le droit français, porte atteinte aussi à la concurrence".

Il faut dès lors "renforcer la législation française". Mais une solution nationale ne suffira pas: "si on veut vraiment être efficace, il faut une possibilité de lutter contre ce problème dans toute l'Europe avec les mêmes outils".

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N.G.