BFM Business
Economie et Social

Montebourg s'en prend à l'austérité en Europe

Arnaud Montebourg réclame un changement de politique de l'Union européenne, dans un entretien au Monde du 10 avril.

Arnaud Montebourg réclame un changement de politique de l'Union européenne, dans un entretien au Monde du 10 avril. - -

Dans un entretien au Monde daté du 10 avril, le ministre du Redressement productif parle d'une possible "débâcle" de l'Europe, due à une austérité "rejetée par tous les peuples". Il évoque également les paradis fiscaux et des "sanctions" contre les banques.

Est-ce une tentative de diversion de l’exécutif, après l'affaire Cahuzac, ou un véritable changement de cap? Toujours est-il qu’Arnaud Montebourg est sorti de sa réserve, mardi 9 avril, via un entretien au Monde.

Pour le ministre du Redressement productif, qui s’en prend ouvertement à la politique menée par l’Union européenne, l'austérité, "rejetée par tous les peuples", conduit l'Europe à la "débâcle" et fait planer la menace d'une "crise de régime" au niveau européen.

"Le sérieux budgétaire, s'il tue la croissance, n'est plus sérieux. Il est absurde et dangereux. Il est donc plus que temps d'ouvrir le débat sur cette politique qui conduit l'Union à la débâcle", déclare ainsi le ministre dans le quotidien.

"La vraie question est la suivante: la politique d'austérité imposée par l'Europe est-elle soutenue par nos concitoyens ? La réponse est non. Elle est rejetée par tous les peuples", selon lui.

Paradis fiscaux: la France veut des noms

Arnaud Montebourg n’a pas non plus épargné les banques, également au cœur de l’actualité par le biais de l’"offshore leaks". "Les banques ont provoqué la crise en obligeant les Etats à se porter à leur secours. Et voilà qu'elles ralentissent les efforts de rétablissement des comptes publics en favorisant les paradis fiscaux", souligne-t-il.

"Il faut prendre des sanctions contre les établissements financiers qui organisent le blanchiment de fraude fiscale et la dissimulation des avoirs, comme le retrait de licence ou l'embargo sur leurs activités de filiales dans les paradis" fiscaux, insiste le ministre, coauteur d'un rapport sur le blanchiment en 2002.

"Ce que nous visons à présent à travers l'échange automatique de renseignements, ce sont des noms. Les noms des dizaines de milliers de ressortissants français et d'entreprises logés dans les paradis fiscaux que la France doit obtenir", explique-t-il.

Pour convaincre des pays comme la Suisse ou le Luxembourg, "il sera nécessaire d'utiliser des moyens de pression diplomatiques. Il n'est pas acceptable que la Suisse profite du marché de l'Union européenne et de ses avantages mais refuse de donner les noms de nos ressortissants", plaide-t-il.

Y.D.