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Moral économique : Une France coupée en deux

Depuis mai 2017, le moral économique des Français a baissé de 30 points.

Depuis mai 2017, le moral économique des Français a baissé de 30 points. - -

D’un côté, la France des cadres, aisée, diplômée et urbaine qui « y croit plutôt ». De l’autre, une France populaire et périurbaine qui n’y croit plus du tout. C’est ce qui ressort du baromètre Odoxa pour Aviva Assurance, Challenges et BFM Business.

Le moral économique des Français reste très bas en octobre avec 27 % de « confiants » en l’avenir contre 71% de « défiants ». Même s’il s’améliore sensiblement (+ 3 points) par rapport à septembre dernier, difficile de parler de rebond, Odoxa préférant y voir une « correction technique ». Depuis l’élection d’Emmanuel Macron en juin 2017, où le moral était à son zénith, la baisse est effectivement de 30 points.

Mais plus encore que le « toboggan spectaculaire de cette chute observée en moyenne hexagonale », ce qui impressionne c’est bien « le clivage inédit qui existe dans l’opinion sur cette question de la confiance en l’avenir », nous dit Gaël Sliman, le président d’Odoxa. Le niveau global de moral observé masque effectivement en réalité de très grandes disparités. Celles-ci n’ont même jamais été aussi fortes.

Au niveau sociologique, générationnel, territorial… mais aussi au niveau du genre, du niveau de revenu ou du niveau de diplôme, il existe un gouffre entre ceux qui se vivent comme les « gagnants de la mondialisation » et ceux qui se perçoivent comme les « perdants de la mondialisation ».

Le niveau de revenu et le niveau de diplôme constituent de ce point de vue deux variables remarquablement efficaces : la part de confiants en l’avenir passe ainsi de façon quasi continue de 21% auprès des moins diplômés et des plus bas revenus à, respectivement 37% et 39% auprès des Français les plus diplômés et les plus « riches ».

Les cadres urbains et les autres...

Mais ce n’est pas tout, les mêmes écarts spectaculaires se retrouvent sur à peu près toutes les variables sociologiques permettant de distinguer et découper la population. Ainsi, alors que les cadres sont 48% à être confiants en l’avenir, les ouvriers, eux, ne sont que moitié moins à l’être (22%).

Plus globalement un écart comparable se retrouve entre les CSP+ (catégories dites supérieures) et les « CSP- » catégories populaires : les premiers sont 38% à être confiants en l’avenir quand les seconds ne sont que 23% à l’être. Même chose entre les travailleurs indépendants / à leur compte qui sont 37% à se dire « confiants », alors que les personnes inscrites à Pôle Emploi ne sont que 19% à l’être.

Au niveau générationnel, les jeunes actifs (25-34 ans) sont aussi plus de deux fois plus nombreux (37% vs 17%) à se dire confiants en l’avenir que leurs homologues en fin de carrière professionnelle (les 50-64 ans). Au niveau du genre; un clivage important existe entre les hommes et les femmes; les premiers étant nettement plus nombreux à se dire confiants que les secondes (33% vs 22%).

Enfin, au niveau territorial, le moral est deux fois plus haut auprès des habitants des grandes villes et notamment de ceux de l’agglomération parisienne qu’auprès de la France périurbaine (34% vs 19%).

La rédaction