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Le moral des ménages français en nette baisse en avril

Le moral des consommateurs français s'est dégradé en avril pour le troisième mois consécutif, selon l'enquête mensuelle de conjoncture auprès des ménages publiée par l'Insee. L'indicateur résumé de l'opinion des ménages sur la situation économique a chuté

Le moral des consommateurs français s'est dégradé en avril pour le troisième mois consécutif, selon l'enquête mensuelle de conjoncture auprès des ménages publiée par l'Insee. L'indicateur résumé de l'opinion des ménages sur la situation économique a chuté - -

PARIS - Le moral des consommateurs français s'est dégradé en avril pour le troisième mois consécutif, selon l'enquête mensuelle de conjoncture...

PARIS (Reuters) - Le moral des consommateurs français s'est dégradé en avril pour le troisième mois consécutif, sous le coup d'inquiétudes concernant le chômage et l'inflation, selon l'enquête mensuelle auprès des ménages publiée par l'Insee.

L'indicateur résumé de l'opinion des ménages sur la situation économique a chuté de trois points à -37, démentant le pronostic des économistes interrogés par Reuters qui anticipaient en moyenne une remontée d'un point à -33.

Il redescend ainsi à son plus bas niveau depuis le mois de juillet dernier alors qu'il avait atteint -30 en janvier après une amélioration continue en 2009.

L'enquête de l'Insee montre des ménages pessimistes sur l'évolution du niveau de vie, prudents en matière de consommation, inquiets pour le chômage et percevant bien la remontée de l'inflation.

"Les Français estiment que la crise est tout sauf terminée, même si la récession est désormais loin derrière nous", résume Alexander Law, économiste chez Xerfi, en y voyant un "nouveau signal d'alerte" pour l'économie française.

"Ce pessimisme est de mauvais augure : la consommation des ménages a flanché au premier trimestre et tout porte à croire que la suite de l'année ne sera pas fameuse non plus, même si l'approche de la Coupe du monde de football pourrait doper provisoirement les dépenses".

L'Insee a annoncé la semaine dernière une baisse de 1,9% de la consommation des ménages en produits manufacturés sur les trois premiers mois de l'année, un chiffre qui fait craindre un ralentissement de la croissance au premier trimestre après la hausse de 0,6% du produit intérieur brut à la fin 2009.

Le chiffre préliminaire du PIB du premier trimestre sera publié à la mi-mai.

CONSOMMATION FRAGILE

La dégradation du moral des ménages en avril tient surtout à leur perception du niveau de vie.

Après un recul de six points en mars, le solde qui mesure les perspectives d'évolution du niveau de vie en France a encore baissé de quatre points pour tomber à -46, à comparer à une moyenne de -21 depuis la création de l'enquête en 1987.

Les soldes sur la situation financière personnelle des ménages, passée et à venir, se sont également tassés, entraînant logiquement une baisse de la propension à réaliser des achats importants (solde à -27 contre -24 en mars et -13 en moyenne).

A quelques heures de la publication des chiffres des demandeurs d'emplois de mars, l'enquête montre encore que les ménages ne voient pas le chômage baisser dans un avenir proche et aussi qu'ils commencent à s'inquiéter des conséquences de la hausse de l'inflation sur leur pouvoir d'achat.

A -18, le solde qui mesure la perception de l'évolution passée des prix augmente de six points et remonte au-dessus de sa moyenne de long terme (-19).

"Tous les prix ne remontent pas, loin s'en faut, mais les biens qui sont concernés sont ceux qui sont consommés régulièrement et où le prix est très clairement affiché, comme l'essence", remarque Alexander Law.

"Difficile de passer à côté de la hausse quand le tarif est inscrit en grands caractères au bord de toutes les grandes routes de France !"

Le taux d'inflation a atteint 1,6% en France en mars, son plus haut niveau depuis novembre 2008, alors qu'il avait été négatif entre mai et novembre 2009. Les prix des carburants ont augmenté de 3,4% par rapport à février et de 18,3% sur un an.

En l'absence de pressions sur les salaires, la résurgence de l'inflation reflète surtout l'évolution des prix de l'énergie et est considérée comme temporaire mais les économistes redoutent son impact sur la consommation.

"L'enquête sur le moral des ménages vient souligner que la consommation des ménages, privée progressivement de la perfusion de la prime à la casse, restera fragile tout au long de cette année", conclut l'économiste de Xerfi.

Véronique Tison, édité par Yves Clarisse