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Nicolas Dufourcq défend le budget de la BPI

Nicolas Dufourcq est fortement pressenti pour diriger la Banque publique d'investissement.

Nicolas Dufourcq est fortement pressenti pour diriger la Banque publique d'investissement. - -

Interview du préfigurateur de la Banque publique d'investissement, ou "BPI France". Celui qui devrait prendre la direction du nouvel établissement répond à nos questions sur les capacités réelles d'investissement dont il bénéficiera.

Hier soir, mercredi 19 décembre, le Sénat a adopté le texte permettant la création de la Banque publique d'investissement, présidée par Jean-Pierre Jouyet et dont le nom officiel est désormais BPI France. Sa vocation sera d'apporter un plus grand soutien aux PME françaises, à travers des crédits et des investisements. C'est Oséo qui aura désormais la charge des activités de crédit au sein de BPI France. Les activités d’investissement seront, quant à elles, assurées par le Fonds stratégique d’investissement (FSI) et la filiale de la Caisse des dépôts (CDC Entreprises).

François Hollande a promis une force de frappe de 40 milliards pour ce nouvel établissement, dont l'Etat et la Caisse des dépôts seront actionnaires à part égale.

Qu'en est-il exactement? D'où vient l'argent? Quels seront les fonds propres de cette nouvelle entité? Des questions que nous avons posées à Nicolas Dufourcq, préfigurateur de BPI France et pressenti pour en devenir le futur directeur.

BFM Business: Comment BPI France arrive-t-elle à rassembler une capacité d'investissement de 40 milliards d'euros?

Nicolas Dufourcq: C'est le résultat conjugué de la force de frappe d'Oséo et du Fonds stratégique d'investissement.

Oséo dispose actuellement de 25 milliards d'euros de capacité de prêts, "protégés" par environ 3 milliards d'euros de fonds propres, à la suite de l’augmentation de capital de 500 millions d'euros intervenue pour la création d’Oséo Industrie.

Cette capacité de prêts aux PME et ETI françaises pourrait passer à 40 milliards d'euros si l’on mettait en place un léger effet de levier sur les fonds propres de la BPI, issus de l’apport du FSI et de CDC Entreprises.

Justement, quels sont les fonds propres de la BPI?

En plus des trois milliards d'Oséo, le FSI, qui investit annuellement 1,7milliards d'euros dans les entreprises françaises, dispose de 20 milliards de fonds propres. Cela grâce à une augmentation de capital de 3,6 milliards d'euros, souscrite en 2009 par ses actionnaires actuels (l’Etat et la Caisse des Dépôts), et non encore libérée, qui devrait intervenir d'ici à fin 2014.

Le milliard d’euros de recapitalisation d’Oseo sera-t-il intégré dans les fonds de la BPI?

L’augmentation de capital d’Oséo à hauteur d'un milliard d'euros, décidée lors de la création d’Oséo Industrie, se fait en deux temps. La première partie (environ 535 millions d'euros) a été souscrite début 2012 par l’Etat, la Caisse des Dépôts et les banques actionnaires d’Oséo. Cette fraction sera apportée à la BPI avec l’ensemble des actifs et passifs d’Oséo.

En ce qui concerne la seconde partie, qui représente environ 470 millions, nous ne recevrons pas tout. Nous pouvons espérer une centaine de millions d’euros, pas plus. Mais ce n’est pas un drame.

Quels seront les revenus de la Banque publique d'investissement?

En 2013, les revenus de la BPI proviendront de plusieurs sources: des dividendes versés par les entreprises dans lesquelles la BPI a des participations, des ventes de participation, des profits réalisés, ainsi que du capital non libéré du Fonds stratégique d’investissement (une partie des 3,6 millards attendus pour fin 2014, NDLR).

Vous avez récemment envisagé la création de fonds supplémentaires au niveau des régions, qu’en est-il ?

Ces fonds de "retournement" permettraient de soutenir des PME qui seraient en difficultés, mais importantes dans le paysage local. Au niveau national, il existe déjà le Fonds de consolidation et de développement des entreprises (FCDE). Il est tout à fait possible de créer l'équivalent en région. Si cette option est choisie, ces fonds régionaux pourraient disposer chacun de 20 millions d’euros.

Yann Duvert