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Nicolas Sarkozy dénonce des attaques spéculatives contre l'euro

Nicolas Sarkozy (ici avec le président de l'Assemblée nationale populaire chinoise Wu Bangguo), rattrapé par la crise de la dette grecque pendant sa visite d'Etat en Chine, a dénoncé jeudi des attaques spéculatives contre l'euro. /Photo prise le 29 avril

Nicolas Sarkozy (ici avec le président de l'Assemblée nationale populaire chinoise Wu Bangguo), rattrapé par la crise de la dette grecque pendant sa visite d'Etat en Chine, a dénoncé jeudi des attaques spéculatives contre l'euro. /Photo prise le 29 avril - -

par Emmanuel Jarry PEKIN - Nicolas Sarkozy, rattrapé par la crise de la dette grecque pendant sa visite d'Etat en Chine, a dénoncé jeudi des...

par Emmanuel Jarry

PEKIN (Reuters) - Nicolas Sarkozy, rattrapé par la crise de la dette grecque pendant sa visite d'Etat en Chine, a dénoncé jeudi des attaques spéculatives contre l'euro.

Le président français a assuré que les pays de la zone euro sauraient y faire face et que l'entente entre la France et l'Allemagne sur le sujet était "parfaite".

Pour lui, il s'agit avant tout d'une crise de spéculation contre la monnaie unique européenne et non contre la Grèce, considérée par les marchés comme le point faible de la zone euro et qui a demandé l'activation d'un plan d'aide européen.

"Nous ne laisserons pas la spéculation agir à son gré pour déstabiliser tel ou tel pays", a-t-il déclaré à des journalistes à l'issue d'un entretien avec le président de l'Assemblée nationale populaire, Wu Bangguo.

"Dans cette affaire, il ne s'agit pas seulement de la Grèce, il s'agit de l'euro, c'est-à-dire de notre monnaie commune. Nous y sommes très attachés. Cela crée des obligations et un devoir de solidarité. Nous assumerons", a-t-il ajouté.

Il a assuré que la France était "totalement déterminée" à soutenir l'euro et la Grèce et avait pris ses dispositions.

"Le plan défini par l'Europe sera appliqué de façon importante", a ajouté le président français, qui a dit être d'accord avec Berlin sur la définition de ce dispositif.

"L'entente est parfaite", a assuré Nicolas Sarkozy, qui a dit être constamment en contact avec la chancelière Angela Merkel et le ministre allemand des Finances Wolgang Schäuble.

HARO SUR LES AGENCES DE NOTATION

Après d'intenses débats en Allemagne sur l'opportunité de venir au secours de la Grèce, Angela Merkel a finalement souhaité mercredi que les négociations en cours Athènes, la Commission européenne et le Fonds monétaire international (FMI) sur le plan de soutien soient accélérées.

La France, où l'opposition socialiste devrait joindre ses voix à celles de la majorité pour en voter le volet français, s'est abstenue de commenter le débat interne à l'Allemagne.

Paris souhaite ainsi éviter d'alimenter la spéculation en accentuant l'impression de divisions entre les deux principales économies de la zone euro, sans lesquelles ce plan n'aurait pas de sens.

Le gouvernement français souhaite également que ce plan, à base de prêts bilatéraux complétés par le FMI, soit maintenant déclenché le plus vite possible.

Le sommet européen, qui devrait en théorie prendre la décision, pourrait avoir lieu vers le 10 mai.

Dirigeants français et allemands ont au demeurant uni leurs voix pour dénoncer les agences de notation, considérées déjà comme en partie responsables de la crise financière de 2008.

Les dirigeants français n'hésitent d'ailleurs pas à dresser un parallèle avec la faillite de la banque américaine Lehman Brothers, qui a déclenché cette crise en septembre 2008.

COLÈRE

Ils estiment que laisser tomber la Grèce, comme le gouvernement a laissé tomber Lehman Brothers, pourrait entraîner une crise au moins aussi grave.

Ils ne décolèrent pas à propos de l'attitude de l'agence Standard & Poors, qui a dégradé la note de trois pays en deux jours - la Grèce, dont la dette a été rétrogradée dans la catégorie à risque ("junk"), fait sans précédent pour un pays développé - ainsi que le Portugal et l'Espagne.

Nicolas Sarkozy est notamment venu chercher en Chine le soutien des dirigeants chinois à son projet de lancement du chantier de la réforme du système monétaire mondial, lors du sommet du G20 que présidera la France en 2011.

Le président français, qui plaide pour un système monétaire multipolaire ne reposant plus sur le seul dollar, devrait évoquer vendredi cette question et celle de la monnaie chinoise, le yuan, avec le Premier ministre chinois Wen Jiabao, avant de s'envoler pour Shanghaï et son Exposition universelle.

Il a cependant choisi de mettre de côté les accusations de "dumping monétaire" qu'il adressait il y a peu encore à la Chine, pour privilégier une démarche plus large et consensuelle.

"La conviction de la France est qu'il est parfaitement improductif de s'accuser les uns les autres et beaucoup plus intelligent de préparer les évolutions nécessaires ", a-t-il déclaré mercredi après avoir vu le président chinois Hu Jintao.

Edité par Yves Clarisse