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Nicolas Sarkozy semble marquer des points en Chine en vue du G20

Nicolas Sarkozy reçu mercredi par son homologue chinois, Hu Jintao. Le président français semble avoir marqué des points à Pékin dans ses efforts pour convaincre la Chine de coopérer avec la France afin de lancer une réforme du système monétaire internati

Nicolas Sarkozy reçu mercredi par son homologue chinois, Hu Jintao. Le président français semble avoir marqué des points à Pékin dans ses efforts pour convaincre la Chine de coopérer avec la France afin de lancer une réforme du système monétaire internati - -

par Emmanuel Jarry PEKIN - Nicolas Sarkozy semble avoir marqué des points à Pékin dans ses efforts pour convaincre la Chine de coopérer avec la...

par Emmanuel Jarry

PEKIN (Reuters) - Nicolas Sarkozy semble avoir marqué des points à Pékin dans ses efforts pour convaincre la Chine de coopérer avec la France afin de lancer une réforme du système monétaire international lors des prochains G20.

Le président français, qui expédie d'habitude ses voyages à l'étranger, a pris cette fois son temps en compagnie de son épouse Carla: trois jours pleins, avec un volet touristique quasiment aussi stratégique que ses entretiens avec les principaux dirigeants chinois, qui ont apprécié l'attention.

Le couple présidentiel français devait ainsi visiter jeudi une portion de la muraille de Chine et des tombeaux de la dynastie Ming après une étape, mercredi, dans l'ancienne capitale impériale de Xian - une façon de montrer son intérêt pour la culture et la civilisation chinoise.

Pour la France, la présidence du G20, au sein duquel se côtoient les principaux pays industrialisés et les géants émergents que sont la Chine, l'Inde et le Brésil, promet en 2011 d'être un défi peut-être plus difficile encore à relever que la présidence de l'Union européenne au second semestre 2008.

Ainsi que l'a montré le fiasco du sommet de Copenhague sur le climat en décembre dernier, il lui sera impossible de faire avancer la cause de la gouvernance mondiale et d'un nouvel ordre financier et monétaire sans la coopération, sinon le soutien des principaux pays émergents et des Etats-Unis.

NOUVEL ORDRE MONÉTAIRE MULTIPOLAIRE

Nicolas Sarkozy a entrepris de s'atteler au ralliement de ces soutiens, à commencer par celui de Pékin. Il fallait pour cela solder les comptes de 2008, dont les bisbilles liées aux critiques françaises sur la politique chinoise au Tibet.

Faute de l'appui de la Chine, la France "ne peut pas agir beaucoup", souligne l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, qui fut l'un des émissaires de Paris au plus fort des tensions franco-chinoises.

"Il a fallu que le président Sarkozy construise une relation personnelle avec le président Hu Jintao", explique le sénateur, qui est du voyage. "Maintenant ils se connaissent bien. Donc je pense que pour la présidence française du G20, la Chine sera un allié solide du président Sarkozy."

Selon Jean-Pierre Raffarin, les dirigeants chinois sont pour leur part très désireux de "trouver une place apaisée autour de la table du monde d'aujourd'hui".

Cette stratégie semble avoir porté ses premiers fruits.

Le président chinois Hu Jintao a estimé mercredi que la réforme du système monétaire international, souhaitée par le chef de l'Etat français, était une des conditions de la refonte du système financier mondial.

Il a assuré Nicolas Sarkozy du soutien de Pékin à l'organisation du sommet du G20 que la France présidera en 2011.

"Nous sommes d'accord pour que les deux pays restent en étroite coordination et concertation afin de contribuer à un développement équilibré, harmonieux et durable de l'économie mondiale", a-t-il ajouté.

La France et la Chine vont préparer "très en amont" la présidence française du G20, notamment en réfléchissant au nouvel ordre monétaire multipolaire, a confirmé le président français lors de déclarations conjointes à la presse.

SARKOZY Y MET DU SIEN

Un chercheur chinois, Yu Xiang, spécialiste de l'Europe à l'Institut de recherche sur les relations internationales contemporaines, estimait pour sa part jeudi dans le Quotidien du peuple que les positions de la Chine et de la France sur la réforme du système monétaire et le renforcement de la régulation financière étaient désormais "assez proches".

Autant de propos qui étaient loin d'être acquis il y a seulement quelques mois, lorsque les relations entre la Chine et la France n'étaient pas encore tout à fait sorties des tensions de 2008 sur le dossier tibétain.

Le président français y a lui-même mis du sien en laissant de côté les accusations de "dumping monétaire" à l'encontre de la Chine, à laquelle il reprochait jusqu'ici de maintenir sa monnaie, le yuan, à un niveau artificiellement bas.

Il a ainsi jugé "parfaitement improductif de s'accuser les uns les autres" des désordres monétaires internationaux.

Il est sans doute trop tôt pour juger la partie gagnée. Nicolas Sarkozy aura encore l'occasion de mesurer l'évolution de Pékin vendredi matin, lors d'un entretien avec le Premier ministre Wen Jiabao, avant de gagner Shanghaï pour les cérémonies d'ouverture de l'Exposition universelle 2010.

Les dirigeants chinois semblent ne pas bloquer la discussion sur un sujet - l'équilibre des politiques monétaires - dont ils ne voulaient jusqu'ici pas entendre parler.

Mais selon une étude de la banque Natixis, le risque inflationniste et la croissance de l'économie en Chine alimentent "des anticipations de réévaluation" du yuan.

Nicolas Sarkozy aura l'occasion de tenter de rallier l'Inde lors d'un voyage à la fin de l'année et il a prévu de se rendre en Turquie au titre du G20 à peu près à la même époque.

Edité par Yves Clarisse