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Economie et Social

Non l'inflation n'est pas de retour

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- - Denis Charlet - AFP

La hausse des prix constatée en juillet n’est ni générale, ni durable et ne correspond pas à une augmentation de la quantité de monnaie en circulation plus rapide que l’augmentation de la production.

Retour de l’inflation ? Vendredi 31 août lors de l’émission « les Experts », Nicolas Doze demande aux trois économistes présents sur le plateau, dont l’auteur de ces lignes, s’il y a un retour de l’inflation. Question légitime car les commentaires sur cet éventuel retour se multiplient depuis l’annonce par l’Insee d’une hausse des prix de 2,3% sur un an en juillet. Pourtant la réponse n’est pas celle assez systématiquement mise en avant dans les commentaires en question.

En effet, l’unanimité se fait sur le plateau pour répondre « non, il n’y a pas de retour de l’inflation ». Car toute hausse des prix n’est pas de l’inflation. Pour s’en convaincre, il suffit de lire la définition que l’Insee donne de l’inflation. L’Institut de statistique en précise comme suit la notion : « L'inflation est la perte du pouvoir d'achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix. Elle doit être distinguée de l'augmentation du coût de la vie. La perte de valeur des unités de monnaie est un phénomène qui frappe l'économie nationale dans son ensemble, sans discrimination entre les catégories d'agents ».

D’une certaine façon, cela rejoint Milton Friedman qui écrivait : « L'inflation est toujours et partout un phénomène monétaire en ce sens qu'elle est et qu'elle ne peut être générée que par une augmentation de la quantité de monnaie plus rapide que celle de la production ».

Or, la hausse des prix constatée en juillet n’est ni générale, ni durable et ne correspond pas à une augmentation de la quantité de monnaie en circulation plus rapide que l’augmentation de la production. Elle est due à une hausse du prix du pétrole qui est passé entre juillet 2017 et juillet 2018 de 52 à 75 $, hausse qui a été amplifiée dans le prix payé par les automobilistes par une hausse de la fiscalité.

Résultat, la hausse des prix qui était de 1,2% en rythme annuel en décembre 2017 devrait, eu égard à la stabilisation plus que probable des prix du pétrole d’ici à la fin de l’année, redescendre à 1,3% en décembre prochain. En fait, bien que les Français perdent du pouvoir d’achat, cette baisse n’est ni durable, ni générale puisqu’elle dépend du poids dans la consommation de chacun des produits pétroliers. Elle n’appelle pas de réaction particulière de la politique monétaire, la façon la plus efficace d’en limiter les conséquences étant d’une part de réduire notre dépendance au pétrole et d’autre part de tout faire pour renforcer l’euro dont l’appréciation par rapport au dollar réduit automatiquement la facture pétrolière.

Jean-Marc DANIEL