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Notre-Dame-de-Paris : comment la technologie pourrait aider à la reconstruction

Notre-Dame

Notre-Dame - Ludovic Marin - AFP

Plusieurs spécialistes de la modélisation en trois dimensions ont numérisé sous toutes ses coutures la mythique cathédrale. De quoi accélérer le processus de reconstruction.

Maintenant la stupéfaction passée, il faut se projeter. La reconstruction de Notre-Dame-de-Paris, ravagée par les flammes ce lundi est désormais une priorité nationale, voire internationale. Emmanuel Macron a déclaré que la France ferait « appel aux plus grands talents et nous rebâtirons Notre-Dame ». Il a ainsi annoncé le lancement d’une souscription nationale.

La Fondation du Patrimoine, qui œuvre à la sauvegarde ainsi qu’à la valorisation du patrimoine français, a prévu de lancer dès aujourd’hui une « collecte nationale » tandis que les grandes fortunes de France ont déjà annoncé 300 millions d’euros de dons.

Mais au-delà de l’aspect financier, c’est bien la question de la reconstruction qui se pose. Comment procéder ? La technologie, si absente lors de l’incendie, pourrait jouer un rôle déterminant. La cathédrale est un des monuments les plus documentés du monde…

En effet, plusieurs spécialistes de la modélisation en trois dimensions ont numérisé sous toutes ses coutures la mythique cathédrale. De quoi reproduire de manière très précise (au millimètre près) les éléments divers du bâtiment et donc accélérer le processus de reconstruction.

Impression 3D

Avant les travaux entamés au niveau de la charpente, les sociétés GEA et Life3D ont numérisé par scanner 3D à plusieurs reprises certaines parties de la cathédrale pour Europe Échafaudage, afin de leur fournir des plans, des élévations, des coupes, ainsi que des modélisations 3D. En avril 2018, c’est la poutraison du transept qui a fait l’objet d’une modélisation très précise.

On peut également évoquer la numérisation très poussée réalisée par les créateurs du jeu vidéo Assassins Creed qui pourrait s’avérer très utile à l’avenir.

Ou encore les travaux méthodiques de la startup française Iconem, qui s’est donné pour tâche de numériser des sites historiques, archéologiques, menacés de disparition partout dans le monde. En prenant des milliers et des milliers de photos sous tous les angles d’un monument et avec l’aide de logiciels qui vont agréger ces milliers d’images, on peut reconstituer informatiquement le monument avec un niveau de précision époustouflant.

On peut également évoquer le gros travail de Dassault Systèmes qui a réalisé en 2013 une série de vidéos en 3D réalisées avec l’expertise des conservateurs du Musée Carnavalet. 

De son côté, Andrew Tallon, professeur à Vassar, a utilisé le balayage laser pour créer une masse colossale de fichiers numériques de la cathédrale (et de biens autres édifices gothiques d'ailleurs). Ces fichiers pourront aider à reconstruire l'édifice 

Autre piste à creuser, l’impression 3D pour reproduire rapidement et à l’identique certaines pièces ou partie de pièces. Cette technique a déjà été exploitée lors de la dernière restauration de la cathédrale d’Amiens, où certaines sculptures, trop abîmées, ont été mises à l’abri et remplacées par des modèles imprimés en 3D. La même technique a été utilisée pour la restauration de l’Arc de triomphe de Palmyre détruit par Daesh… Pour un résultat qui ne fait l’impasse sur aucun détail du monument.

Même si ce qui est détruit est détruit, même si la copie sera toujours moins puissante que l’original, ces technologies vont tout de même permettre de sauver l’essentiel, à savoir préserver la mémoire de ce lieu qui dépasse les clivages religieux, politiques ou sociaux.

Olivier CHICHEPORTICHE