BFM Business
Economie et Social

Où va nous mener la folie du badge?

-

- - -

La folie du badge s'est emparée des entreprises. De la porte à l'imprimante, partout il faut se connecter et valider ses accès.

Aujourd'hui nous allons parler d’un objet d’une très haute importance. Tellement haute, que pour une fois, nous allons dépasser le cadre de la vie de bureau pour parler à la France entière.

Cet objet c'est le badge. Oublier ses chaussettes, ce n'est pas grave. Oublier ses lunettes, ce n'est pas grave. Oublier ses clés, ce n'est pas grave. Mais oublier son badge, c'est inimaginable. On pourrait se dire que ça n'est pas important, que Michel pourrait simplement se rendre à l'accueil et dire « je suis désolé, j’ai oublié mon badge, il est resté dans ma veste d’hier ». Mais non, impossible. C’est beaucoup trop compliqué. Une seule solution : faire demi-tour et poser un RTT. Avec un peu de chance on fera mieux demain !

Donc pour ne jamais se retrouver dans cette situation. Michel a investi dans un Zip porte badge, exactement le même que pour son forfait de ski. Il faut dire que Michel badge au moins 37 fois par jour. Tout commence à la porte d'entrée : depuis que Florence a avoué qu'elle rentrait dans les locaux en brandissant sa carte de bibliothèque, les règles se sont durcies. Il faut désormais, badger devant l'agent de sécurité qui acquiesce en signe de bienvenu. Il faut ensuite badger dans l’ascenseur puis devant la porte du 3eme étage. Michel ne badge pas encore sa chaise de bureau, mais ça ne saurait tarder car il badge déjà l’imprimante. 

Besoin de sécurité 

Alors vous allez me dire. Mais peut être que Michel travaille dans une entreprise sensible sur des dossiers ultra secret. Et peut-être que c’est vrai. Mais ça n’explique pas pourquoi il doit badger ses carottes râpées à la cantine. « Mais c’est pour nous fliquer , tout simplement » , s’insurge-t-il. D’accord, mais est ce qu’il y a vraiment des gens dans les services généraux qui décortiquent tous les « badgage » de la journée de Michel comme s'ils regardaient une télé réalité :

9 h 01 ascenseur 
9 h 30 impression de 3 mails… 
12 h Michel a mangé un poulet 
18 h Michel descend au parking . 

C’était vraiment une belle journée, on a hâte d’être à demain pour suivre tout ça de près. J’espère qu’on a des images grâce aux caméras de sécurité. Définitivement on espère que personne ne fait cela. En tout cas étant donné qu’on a mis 50 ans a se rendre compte des ravages de la réunionite aigue, il va falloir attendre un peu avant qu’on revienne sur la folie du badge. 

Espérons quand même qu’on y réfléchisse avant que Michel devienne fou. Certains l’ont vu badger ses enfants avant de les coucher.