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Pacte de responsabilité: Ayrault veut rassurer les socialistes

"Les contreparties, ça se discute, ça se négocie" a déclaré Jean-Marc Ayrault

"Les contreparties, ça se discute, ça se négocie" a déclaré Jean-Marc Ayrault - -

Le Premier ministre a appelé, ce lundi 10 février, les socialistes à la mobilisation. Le pacte de responsabilité rencontre vives réticences et doutes dans la majorité.

Jean-Marc Ayrault a tenté de convaincre sur le bien-fondé du pacte de responsabilité. Le Premier ministre a appelé, ce lundi 10 février, les socialistes à la mobilisation, les invitant à "se concentrer sur l'essentiel", rattraper le retard économique du pays.

"Aujourd'hui, il n'y a pas de choix pour le pays. Nous avons pris trop de retard sur le plan économique (...) On n'a pas à se laisser aller à des combats secondaires. Il faut se concentrer sur l'essentiel", a lancé devant la presse le Premier ministre, ayant manifestement choisi une certaine dramatisation et urgence du propos, à son arrivée au séminaire organisé par le PS sur le Pacte de responsabilité.

Ce séminaire réunissait les membres du Bureau national (BN), l'instance dirigeante du PS, et était ouvert aux parlementaires socialistes.

Cette réunion d'un format inédit intervient près d'un mois après la conférence de presse de François Hollande, le 14 janvier, où le président avait affiché son orientation sociale et exposé le Pacte de responsabilité.

Le principe de ce Pacte est le suivant: baisser les charges des entreprises à hauteur de 30 mds d'euros, contre des embauches et un dialogue social accru. Ce projet de réforme ambitieux sera accompagné, autre objectif considérable, d'une réduction des dépenses publiques de 50 mds d'ici 2017.

Autant d'annonces qui ont fait l'effet d'une bombe, en particulier au sein de l'aile gauche du Parti Socialiste.

Vives inquiétudes

Dans une lettre adressée au séminaire quelques heures avant l'ouverture de ses travaux, plusieurs personnalités de l'aile gauche, parmi lesquelles la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, Emmanuel Maurel et Jérôme Guedj, membres du BN, ont fait part de leurs vives inquiétudes devant les propositions "déséquilibrées" du Pacte. Ils considèrent que ce projet fait la part trop belle au patronat, sans qu'il y ait de véritable engagement de ce dernier en matière de contreparties à la baisse des charges pour les entreprises.

Jérôme Guedj s'est aussi agacé que les débats du séminaire soient quelque peu verrouillés. "Le PS, a-t-il dit, doit avoir une force de propositions autonome par rapport à l'action gouvernementale. Et il ne s'agit pas là d'enquiquiner le gouvernement mais d'avoir un temps d'avance (...) pour l'aider à prendre les bonnes solutions".

"Les contreparties, ça se discute, ça se négocie", s'est voulu rassurant Jean-Marc Ayrault en quittant la réunion au bout de deux heures.

Pour lui, "le PS est en ordre de marche" et "la majorité parlementaire sera au rendez-vous" pour approuver le Pacte, qui suscite pourtant une franche opposition des alliés Verts, comme ils l'ont indiqué samedi dans une motion lors de leur Conseil fédéral, le "parlement" d'Europe Ecologie Les Verts (EELV).

"On débat. On confronte. On entre dans la bataille parlementaire", tempère toutefois Pouria Amirshahi, d'un "Monde d'avance", l'un des deux courants de l'aile gauche du PS.

"On sort de l'état de sidération devant le changement de braquet du président" (Hollande, le 14 janvier), ajoute le député qui ne se déclare pas prêt, à l'heure actuelle, à approuver le Pacte.

D. L. avec AFP