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Paris : il faut gagner au moins 10 000€/mois pour acheter un 75 m² 

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Malgré des taux d’emprunts attractifs, les revenus nécessaires pour acheter un bien immobilier à Paris s’envolent. La conséquence de la hausse record des prix du mètre carré.

7 000 euros par mois. Voilà les revenus qu’il vous faudra afficher si voulez acheter un appartement de 50 m² à Paris. Pour un 75 m², il faudra compter 10 000 euros par mois. Ce sont les conclusions d’une étude que vient de publier le réseau de courtiers VousFinancer.com.

Hausse record du m2 à Paris

Cette hausse significative des revenus nécessaires pour acheter un bien est notamment la conséquence d’une hausse du prix du mètre carré dans la capitale. Actuellement de 9 570 euros, il a augmenté de 62 % en 10 ans, alors qu’il n’était « que » de 6 020 euros en 2009. Un record. Il pourrait même atteindre les 9 730 euros en avril 2019, selon les prévisions des Notaires du Grand Paris.

Cette envolée du mètre carré résulte à la fois d’un « manque de logements disponibles » à Paris et de la « généralisation des appartements Airbnb » dans la capitale, explique Sandrine Allonier, porte-parole de VousFinancer.com. Il est de plus en plus courant que des « biens immobiliers soient achetés plus chers que ce qu’ils ne valent, car les acheteurs savent qu’ils seront quand même rentables grâce aux prix significatif des locations » poursuit-elle.

Les faibles taux d’emprunts ne suffisent plus à compenser

Aussi, le pouvoir d’achat immobilier a-t-il reculé de 4 m² en 10 ans. En 2009, un acheteur parisien pouvait s’offrir 26,7 m² en remboursant 1 000 euros par mois sur 20 ans ; aujourd’hui, ce chiffre tombe à 22,7 m².

« En terme de pouvoir d’achat immobilier, jusqu’à maintenant, entre 2012 et 2017, la hausse des prix à Paris était compensée par le faible niveau des taux d’emprunts. Mais ce n’est plus le cas depuis que les prix ont passé le seuil symbolique des 9000€ le m² début 2018 » analyse Sandrine Allonier.

Pour compenser cette baisse de pouvoir d’achat et la hausse des prix dans la capitale, les acheteurs peuvent compter sur l’allongement des prêts à faible taux d’intérêt encore octroyés par les banques. Par exemple, en 2018, la durée moyenne d’un prêt à Paris était de 22 ans et 4 mois, soit un allongement de 10 mois sur un an.

Les ménages modestes menacés

Mais cet étalement des remboursements, qui permettait à des propriétaires moins fortunés que d’autres d’acquérir un bien, n’est pas sans limites. « Même si les banques ont de nouveau le droit de prêter à long terme, elles ne peuvent pas trop tirer sur la corde. Et bientôt, elles n’accorderont plus des prêts aussi longs » met en garde Sandrine Allonier.

A terme, on peut donc prévoir que la sortie du marché des « ménages modestes ou des primo-accédants qui n’ont plus la possibilité d’acheter la surface dont ils auraient besoin ». De quoi accentuer la baisse des habitants dans la capitale, qui perd déjà près de 12 000 Parisiens chaque année.

Valentin Demay