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Placements : « Un portefeuille dénué de risques, c’est la perte assurée »

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En dynamisant, même très légèrement, certains placements, la stratégie peut clairement en valoir l’investissement.

Ce n’est un secret pour personne. Les Français n’apprécient que très modérément le fait prendre des risques lorsqu’il s’agit d’investir. Ils sont d’ailleurs 7 sur 10 à en rejeter l’idée. Prudents, ils ont une appétence toute particulière pour la pierre et les produits d’épargne sécurisés à l’instar du Livret A et de l’assurance vie lorsque cette dernière est essentiellement composée de fonds en euros.

Le problème, c’est qu’investir aujourd’hui dans des produits de ce type compte tenu de l’inflation relève de l’inefficacité la plus totale. Les rendements sont, effet, si peu élevés que l’opération s’avère dans le meilleur des cas, nulle.

Et cela, Tatjana Puhan, Directrice de la gestion Multi-actifs et actions au sein de Swiss Life Asset Managers France, le sait pertinemment. Selon l’experte, il est clair que « ceux qui considèrent qu’ils peuvent ne prendre aucun risque tout en dégageant une performance supérieure à l’inflation se méprennent », pointe l’experte. Ainsi, avec une prise de risques minime, il serait tout à fait possible de dégager des rendements un peu plus conséquents. Tout dépend, bien sûr, du patrimoine dont dispose l’épargnant, de ses projets et de son appétence aux risques.

Ne pas prendre de risques… Mauvaise idée

Pour Tatjana Puhan, il convient avant tout de relativiser un certain nombre de choses… « Effectivement l’immobilier est un actif très attractif, mais on en oublie parfois qu’il ne s’agit pas d’un livret d’épargne. L’immobilier comporte aussi des risques. Ce n’est pas un produit particulièrement liquide, surtout lorsque l’on parle d’investissement locatif ». Aussi, la spécialiste de la gestion Multi-actifs préconise avant toute chose de ne surtout pas « mettre ses œufs dans le même panier » et de ne « pas seulement foncer sur l’immobilier. L'absence de diversification est un risque en soi ».

En outre, le fait de ne vouloir prendre aucun risque peut aujourd’hui véritablement faire perdre de l’argent aux épargnants. « L’assurance vie structurée de fonds en euros, c’était bien l’an passé compte tenu du rendement de 1,8%, mais du fait de l’inflation, le rendement est désormais nettement moins intéressant. Que dire des rendements à long terme qui devraient être négatifs ? Plus les épargnants investiront dans des fonds en euros, plus le rendement des fonds en question continuera à se dégrader. Ce n’est donc pas une solution qui sert l’épargne », pointe la spécialiste. 

« Aujourd’hui, il ne faut pas s’empêcher de prendre un peu de risques. Un portefeuille dénué de risques aujourd’hui, c’est la perte assurée. Après, toute la question tient au fait de savoir comment prendre les risques en question… », souligne Tatjana Puhan. Selon l’experte, nul doute que jouer la carte de la diversification relève, comme souvent, de l’absolue priorité pour un investisseur. « C’est une vraie force pour gérer le risque et cette stratégie s’applique quel que soit le profil de risque de l'épargnant », précise-t-elle. « Si l’on ne souhaite pas prendre beaucoup de risques, on peut par exemple investir dans des ‘stratégies actions couvertes’ », suggère-t-elle. Soit un placement où les risques sont partiellement couverts en cas de baisse de marché.

Autre recommandation : miser sur « des actifs peu risqués comme les obligations d’Etat et d’entreprises », suggère la Directrice de la gestion Multi-actifs et actions. « Cela permet de stabiliser un portefeuille, même si le rendement s’avère faible (environ 1%). Sans compter que cette classe d’actifs s’accompagne d’une couche de protection ».

Une prise de risques modérée, un bon compromis ?

Pour les investisseurs qui peuvent se permettre de prendre davantage de risques, l’experte préconise certes de rester dans ces mêmes classes d’actifs mais de piloter le portefeuille différemment. C’est-à-dire vers des actifs plus risqués. Obligations des pays émergents, ou obligations à haut rendement… Ces classes d’actifs sont à considérer lorsque l’on dispose d’une appétence au risque moyenne. « Se diriger vers des stratégies actions pures qui vont à peu près au même rythme que le marché peut aussi s’avérer intéressant », poursuit Tatjana Puhan pour qui le fait de « coupler une stratégie risques contrôlés à une stratégie pure actions augmente l’efficacité d’un portefeuille ».

L’autre alternative porte un nom : immobilier. Même si ce type d’investissement se veut moins liquide, il revêt l’avantage d’augmenter d’autant plus la diversification d’un portefeuille. Indéniablement, commente l’expert, « la diversification fait sens ».

Structurer son portefeuille avec un profil dynamique

Enfin, pour celles et ceux qui disposent d’un patrimoine et d’une aisance financière qui leur permet de prendre des risques plus importants, la Directrice de la gestion Multi-actifs et actions de Swiss Life Asset Managers suggère de miser sur la structuration suivante.

A savoir : « D’intégrer beaucoup d’actions en portefeuille avec des actions sans couverture ». Et de poursuivre : « Compte tenu des risques géopolitiques qui pèsent actuellement sur les marchés, il peut être judicieux d’ajouter des actions plus défensives, d’intégrer des obligations à haut rendement, des actions et des obligations sur les marchés émergents »… Soit autant de classes d’actifs à considérer pour les investisseurs qui possèdent un profil de risques dynamique.

Julie COHEN-HEURTON