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La police judiciaire enquête sur les rumeurs visant Sarkozy

La police judiciaire a été saisie par le parquet de Paris pour enquêter sur l'origine des rumeurs visant le couple présidentiel publiées le 10 mars sur le site internet du Journal du dimanche. /Photo prise le 6 avril 2010/REUTERS/Philippe Wojazer

La police judiciaire a été saisie par le parquet de Paris pour enquêter sur l'origine des rumeurs visant le couple présidentiel publiées le 10 mars sur le site internet du Journal du dimanche. /Photo prise le 6 avril 2010/REUTERS/Philippe Wojazer - -

PARIS - La police judiciaire a été saisie par le parquet de Paris pour enquêter sur l'origine des rumeurs visant le couple présidentiel publiées le...

PARIS (Reuters) - La police judiciaire a été saisie par le parquet de Paris d'une enquête préliminaire visant à déterminer l'origine des rumeurs visant le couple présidentiel publiées le 10 mars sur le site internet du Journal du dimanche, a-t-on appris mardi au cabinet du procureur.

Des conseillers de Nicolas Sarkozy et son avocat, Thierry Herzog, ont évoqué publiquement dans les médias l'hypothèse d'une machination visant le président de la République.

Le parquet se fonde sur une plainte pour "introduction frauduleuse de données dans un système informatique", déposée par Hachette Filipacchi associés (HFA), branche du groupe Lagardère, dirigé par un proche du chef de l'Etat, Arnaud Lagardère.

"Cette société déclare dans sa plainte que la publication a nui à l'image de la société et à sa crédibilité", a expliqué une porte-parole du parquet.

Le groupe Lagardère a déjà poussé à la démission un responsable de Newsweb, filiale éditant le site internet du JDD, et un autre employé, non journaliste, qui devrait être entendu par la police.

Ce dernier a reconnu avoir publié l'article sur un blog hébergé par le site, répercutant des rumeurs circulant alors chez des journalistes parisiens sur les problèmes supposés du couple Sarkozy.

La Société des journalistes du Journal du dimanche a publié lundi un communiqué pour s'étonner des propos du conseiller de Nicolas Sarkozy Pierre Charon, qui disait souhaiter que "la peur change de camp".

La SDJ juge "inacceptable le ton menaçant et inquisiteur de ces propos sans précédent". Des membres de la SDJ ont déclaré à Reuters qu'ils estimaient que leur direction déposait en réalité plainte sur pression de l'Elysée, pour qu'il y ait enquête.

"UN COMPLOT" POSSIBLE POUR HORTEFEUX

Plusieurs proches du président de la République soutiennent qu'il est possible que l'opération ait été montée de toutes pièces pour lui nuire.

Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a avancé une explication dans des déclarations à des journalistes rapportées mercredi par Le Canard enchaîné.

"Le fait que ces rumeurs aient été relayées dans la presse en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Suisse peut faire penser à un complot, alors que la France s'apprête en 2011, à prendre la présidence du G20", a-t-il dit selon l'hebdomadaire.

La presse étrangère a largement repris les rumeurs en se fondant sur le blog du JDD, la presse française s'abstenant presque en totalité, à l'exception d'un magazine "people".

De son côté, l'ancienne ministre de la Justice Rachida Dati a engagé l'avocat Georges Kiejman pour menacer de poursuites ceux qui la désignent comme la responsable de la diffusion des rumeurs sur le couple présidentiel.

Selon plusieurs organes de presse, dont Le Canard enchaîné, un rapport des services de renseignement a conclu à sa responsabilité dans l'affaire, et c'est ce qui aurait conduit au retrait le 14 mars d'une escorte de quatre policiers dont elle bénéficiait comme ex-ministre.

Me Kiejman conteste qu'elle ait eu un rôle dans la rumeur. "C'est impensable que Mme Dati ait pu participer à une entreprise de déstabilisation d'un président auquel elle sait devoir beaucoup, voire tout", a dit Me Kiejman sur RTL.

"Si on continue à imputer à Mme Dati un rôle dans la diffusion de cette rumeur, on porte atteinte à son honneur. Si on porte atteinte à son honneur, on fait un délit de diffamation qui peut être poursuivi comme tel", a-t-il ajouté.

Thierry Lévêque, édité par Sophie Louet