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Pour Alain Minc, Emmanuel Macron se positionne comme "le boss du système" en Europe

Invité sur BFM Business, le conseiller politique et essayiste Alain Minc a fait part de son point de vue tant en ce qui concerne l'actuelle réforme des retraites voulue par l'exécutif que sur la stratégie française en Europe.

"Les présidents de la République ont la stratégie de leur tempérament. Et le tempérament d'Emmanuel Macron on le connait". Invité ce lundi de l'émission "12H, L'heure H", le conseiller politique et essayiste Alain Minc estime que le président français Emmanuel Macron a réussi à faire passer ses idées en Europe. Sur le plan national en revanche, Alain Minc note que la stratégie du président Macron apparaît parfois trop abrupte, dès lors que l'on aborde un sujet aussi complexe que celui des retraites.

"Je pense qu'il a raison de réintroduire dans un débat comme celui des retraites les partenaires sociaux. Parce que ça va être infiniment plus difficile qu'on ne l'imagine. Ce qui est difficile, ce n'est pas tellement le débat cotisation, âge pivot. Là on bouge les symboles. La vraie difficulté c'est que, autant ce système s'impose naturellement pour les gens qui entrent sur le marché du travail". Autant, pour "ceux qui sont nés après 1964: que va-t-il se passer dans le raccord entre le nouveau système et l'ancien système? Il y aura des gagnants, on ne les entendra pas. Et il y a aura des perdants. On les entendra. (...) Il vaut donc mieux avoir les partenaires sociaux à table. Et, le cas échéant, l'un d'entre eux comme, disons, accompagnateur. Ce que sera la CFDT", analyse Alain Minc.

Et de poursuivre en faisant référence à Emmanuel Macron: "Je pense qu'il a compris qu'on ne peut pas faire des réformes de cette ampleur de plein fouet". Sans compter, rappelle le conseiller politique, que le contexte international se révèle aujourd'hui lui aussi difficile.

Une vision tricolore de l'Europe

Sur la scène internationale, cette fois, et plus précisément sur le volet européen, Alain Minc estime que le chef de l'Etat français a véritablement façonné la future Commission européenne et qu'elle se révèle désormais très favorable à l'Hexagone. Pourtant, aucune grande direction n'est actuellement dirigée par des Français.

A cela, le conseiller politique répond qu'Emmanuel Macron est finalement parvenu à "susciter un quadrige à la tête de l'ensemble européen incroyablement ouvert à la France. (...) On sait bien que les conceptions européennes de Madame Von der Leyen sont très proches des conceptions de Macron, outre le fait qu'elle est francophone. La présence de Christine Lagarde à la BCE devrait acclimater la poursuite d'une politique monétaire tels que les Français et les Européens -hors Allemagne- le souhaitent. C’est-à-dire accommodante. Et elle l'a déjà dit. Encore que, il faudra sans doute que la Banque centrale innove. Parce que (...) on ne pourra pas faire comme avant", assure l'essayiste.

Pour autant, le conseiller politique tient à le souligner. Aujourd'hui, l'Europe semble, à bien des égards, se révéler parfaitement en phase avec les convictions françaises. "Le président du Conseil européen Charles Michel est on ne peut plus proche idéologiquement du système Macron. Idem pour Borrell, le ministre des Affaires étrangères de l'Europe. C'est quand même une conjonction de personnalités avec lesquelles la France sera de plain-pied. (...) Je pense également que Sylvie Goulard (qui est proposée comme commissaire européenne par la France, NDLR) est comme un poisson dans l'eau dans ce monde-là et a une vraie personnalité -parfois abrasive- mais a une vraie capacité d'influence".

En outre, à l'heure où les Britanniques s'apprêtent à quitter le navire européen, Alain Minc présage "qu'il va y avoir un jeu qui va s'ouvrir". Le poids des Anglais à Bruxelles étant, assure-t-il, "très supérieur à leur engagement politique en Europe". Au final pour l'essayiste, Emmanuel Macron se positionne comme "le boss du système". Encore faut-il, pointe-t-il, ne "surtout pas le montrer".

J.C-H